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Numéro thématique de la revue Culture & Musées : Conserver et transmettre la performance artistique

Appel de texte

L’objectif du numéro est d’explorer la question de la performance artistique du point de vue de sa conservation et de sa transmission aux futures générations. L’intérêt de cette manière d’aborder la performance réside dans la prise en compte de son caractère aujourd’hui transversal aux arts du spectacle et aux arts plastiques, qui interdit de faire de la performance artistique une caractéristique technique traditionnelle des arts du spectacle vivant ou inversement une nouveauté technique propre à la danse contemporaine et à l’art contemporain (Leveratto, 2006). L’exploration et la confrontation des problèmes pratiques —matériels et techniques — mais aussi des enjeux sociaux — symboliques au sens non seulement de la préservation de la signification artistique du geste artistique, mais également de sa signification morale et politique — offriront l’occasion de réfléchir à l’évolution de la forme musée, à son application à des genres de production artistique qui se sont développés sans aucun souci intellectuel de transmission du patrimoine ni de patrimonialisation (Kapchan, 1995), ou même à des genres de production artistique conçues pour le cadre muséal, mais dans un rapport explicite d’hostilité, de refus ou de subversion, de la forme muséale (Heinich, 2014). L’exposition « Body Art, Marks of Identity » inaugurée par  l’American Museum of Natural History de New York le 20 novembre 1999 ne fait pas que contribuer à la légitimation intellectuelle du Body Art mais inaugure sa muséification.  

On peut ainsi confronter la difficulté pratique que pose, pour la conception et l’organisation d’un musée du théâtre, l’attachement de l’interprétation au corps périssable de l’acteur (Leveratto, 2001), ou la transformation de l’expérience in situ de l’événement que constitue son enregistrement vidéo, et la difficulté pratique que pose, pour le musée d’art contemporain, la résurrection d’une performance célèbre d’un artiste contemporain ou la conservation d’œuvres ou d’installations conçues par l’artiste pour qu’elles se dégradent.  Bref, l’entrée par la conservation et la transmission de la performance vers une approche anthropologique de l’expérience de la performance et de ses différents sens artistiques, du comédien de théâtre au body-art, en passant par la danse, l’opéra ou le rock. La question de la construction sociale de la qualité artistique dans le double sens de l’authentification de la réalité technique de la performance, de sa distinction de la simple reproduction d’un geste traditionnel  ou d’un simple jeu sans visée artistique (Goffman, 1972) et du degré de réussite de la transmission artistique (i.e. de la situation de médiation culturelle) pourra du même coup être placée au cœur de l’observation et de la réflexion.

Cet appel d’offre comporte donc deux entrées :

La première porte sur l’activité de patrimonialisation de la performance considérée sous l’angle des pratiques professionnelles de la conservation et de la transmission. Les articles peuvent porter sur les techniques de conservation et de transmission de la performance artistique étudiées du point de vue historique (l’évolution des pratiques, les débats pédagogiques, esthétiques, éthiques et politiques), d’un point de vue ethnographique (le compte rendu d’observation d’une situation de transmission d’une performance fondatrice, de la reconstitution audiovisuelle de la danse serpentine à la réincarnation d’un groupe de rock), d’un point de vue sociologique (les relations qui s’établissent entre acteurs professionnels de la conservation et de la transmission, et usagers, spectateurs et pratiquants amateurs participant physiquement à cette transmission).

La deuxième porte sur les effets de l’innovation technologique sur l’expérience de la consommation culturelle, les pratiques d’appropriation et de transmission de la performance artistique qu’autorise la numérisation (du post d’extraits vidéo au mash-up)  et les formes d’innovation culturelle et artistique qu’elle fait naître en continuité avec Internet, ou en contraste avec lui. La numérisation favorise, d'un côté, la transformation d’une œuvre reproductible comme un film de fiction en installation d'art contemporain (Un après-midi de chien, 1975, de Sydney Lumet, dans le cas de The Third Memory, 1999, de Pierre Huyghe, par exemple). De l'autre, elle autorise la valorisation du contact avec l'artiste en personne et la constitution du travail de création en une performance locale, la résidence d’artiste constituant de plus en plus un investissement culturel privilégié par les collectivités locales pour sa valeur éducative. 

Sous la direction de Jean-Marc Leveratto

Modalités de réponse à l’appel à proposition d’articles :

Merci d’adresser vos propositions d’articles (5000 signes) par courriel avant le 30 avril 2016 à Jean-Marc Leveratto, rédacteur invité de la revue (jmleverat@numericable.fr) et Marie-Christine Bordeaux, directrice adjointe de rédaction de la revue (mc.bordeaux@wanadoo.fr).

Les résumés comporteront un titre, 5 références bibliographiques ainsi que les noms, adresse électronique et qualité de leur auteur.

Pour plus de détails, voir le fichier joint.

Participation / Organisation

Organisateur non-membre
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