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Appel de communications «Former à la lecture littéraire : transmission et appropriation»

Former à la lecture littéraire : transmission et appropriation
Journée d’étude au Département d’Études littéraires de l’Université du Québec à Montréal 
Le 15 mars 2013 

Plusieurs essais parus au cours des dernières années (Todorov: 2007; Citton: 2007; Jouve: 2010; Schaeffer: 2011) font état d’une désaffection à l’égard des études littéraires et, dans une certaine mesure, de la littérature elle-même. Bien que cette inquiétude ne soit pas nouvelle, elle s’accompagne aujourd’hui d’une interrogation sur les modalités et les finalités de la lecture littéraire.

Il n’y a rien d’étonnant à ce que l’École soit l’un des lieux privilégiés de cette remise en question, dans la mesure où l’institution scolaire consacre non seulement des oeuvres et des auteurs, mais aussi des manières de lire. Or, plusieurs enquêtes menées au cours des dernières années, au Québec ou en France (Baudelot : 1999; Lebrun : 2004; Renard : 2011), révèlent l’inadéquation entre les attentes de l’institution scolaire et celles de la plupart des adolescents. De nombreux chercheurs et enseignants s’accordent pour reconnaître que cette situation tient en partie au peu de place accordé à l’investissement subjectif du lecteur dans les cours de littérature (Rouxel et Langlade: 2004). Un autre important facteur explicatif réside dans l’évolution de notre rapport à la culture sous l’effet de l’expansion de la communication médiatique et de l’avènement du numérique. Les dispositifs narratifs et technologiques qui favorisent l’interactivité ou l’immersion dans les mondes fictionnels, par exemple, contribuent à créer de nouveaux horizons d’attente. De même, l’habitude d’être exposés à des productions «multimodales» (qui combinent l’écrit, l’image et l’audio) modifie les modes de réception (Lebrun, Lacelle et Boutin : 2012). Ce type de constat amène un chercheur comme Vandendorpe à émettre «l’hypothèse que le genre du roman pourrait se maintenir s’il migrait massivement sur les tablettes et surtout s’il s’y ajoutait des éléments ludiques comme le font déjà nombre d’albums pour enfants sur iPad» (Vandendorpe : 2012).

Dans ce contexte, s’intéresser à l’enseignement de la lecture littéraire, au secondaire et au collégial, implique notamment de réfléchir à la place de la littérature dans notre «nouvel écosystème culturel» (Vandendorpe : 2012), à ce qui singularise l’expérience de la lecture littéraire, à l’impact de nouvelles pratiques culturelles sur les manières de construire du sens et à la manière dont l’imaginaire est mobilisé et reconfiguré par la lecture.

C’est précisément l’objectif de la journée d’étude consacrée à la formation des lecteurs, aux niveaux secondaire et collégial, qui se tiendra le vendredi 15 mars 2013 à l’Université du Québec à Montréal. Nous aimerions, plus particulièrement, que la réflexion s’articule autour des notions de «transmission» et d’«appropriation». Voici quelques questions proposées à titre indicatif :


1. Transmission : Que vise-t-on essentiellement à transmettre en formant à la lecture littéraire? Enseigne-t-on avant tout une manière de lire, autrement dit une compétence déterminée historiquement et culturellement? Transmet-on aussi une certaine conception de ce qu’est une «culture littéraire»? Si oui, à quoi renvoie cette notion aujourd’hui? Participe-t-elle de l’élaboration d’un imaginaire commun (dans la mesure où quelques oeuvres fréquemment lues dans un cadre scolaire constitueraient un réservoir de sens et d’images, bref de références partagées)? Quelles sont les valeurs (esthétiques, éthiques, etc.) qui président implicitement au choix des oeuvres données à lire? Que penser, à cet égard, de la différence entre le type d’oeuvres généralement enseignées au secondaire et celles proposées au cégep?

2. Appropriation : Quelles sont les voies d’entrée dans le texte privilégiées par les jeunes lecteurs? En quoi les pratiques culturelles de ces derniers entrent-elles en résonance ou en dissonance avec la lecture de textes romanesques, poétiques ou dramatiques? Quelles «images sous les mots» (Thérien) font naître les lectures des adolescents? Quels sens et quelle valeur donner aujourd’hui à des oeuvres dont l’altérité temporelle, linguistique ou culturelle rompt avec l’immédiateté à laquelle nous habituent les médias? Enfin, comment tenir compte de ces facteurs pour permettre à des adolescents de s’investir pleinement dans leurs lectures scolaires tout en adoptant une posture réflexive?


Les propositions de communication doivent être envoyées le 30 novembre 2012 au plus
tard à :
Sylvain Brehm : brehm.sylvain@uqam.ca
Marie-Lou Larouche : marie_lou_l@hotmail.com

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