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Communication de Caroline Proulx au colloque « Marguerite Duras: passages, croisements, rencontres » à Cerisy-la-Salle

Author : Marion Sénat
Date : Aug 05, 2014
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Annonce

La malédiction comme posture de vérité: Là où ça passe, ça traverse, ça respire

"Je ne comprends pas toujours très très bien ce que je dis, ce que je sais simplement c’est que c’est complètement vrai", Marguerite Duras (Entretiens avec Jean Pierre Ceton, octobre 1980).

Durant plus de cinquante ans, Marguerite Duras a édifié une œuvre qui, tôt dans son histoire, n’a pas connu de frontières. Écrivaine, cinéaste, mais aussi critique et essayiste, elle va jusqu’à former, à force de commentaires qui s’inscrivent dans un désir manifeste de se mêler de tout, une pensée singulière que je qualifierais de "maudite". Loin de chercher à ériger une "dalle de la pensée totalitaire" (La Vie matérielle), se situant toujours dans le mouvement de la pensée, son écriture met en acte une vision pour laquelle la recherche de vérité devient l’objet d’un désir qui passe et repasse dans l’acte de dire. À l’instar de la dame du Camion, le sujet se présente comme un lieu de passage où le souffle du monde extérieur peut entrer, y compris dans sa plus grande violence, et permettre la respiration d’un corps poétique qui devient le véritable vecteur de la pensée. Cette vérité, qui cherche à briser les cloisons génériques, autant que les barrières sociales, politiques ou conceptuelles, fait corps avec la langue; elle n’existe pas sans elle, car elle naît de son avènement. Ainsi, c’est la posture, la place, la signification profonde de ce sujet animé d’une vérité érigée dans la malédiction que je voudrais interroger. Quoique Marguerite Duras fasse partie des écrivains incontournables du XXe siècle, elle se tient, rejoignant l’univers des maudits, sur un seuil où la vérité est cet instant ténu toujours menacé de disparaître devant un monde qui œuvre avec acharnement à la faire taire.

Caroline Proulx est professeure de littératures française, québécoise et étrangère depuis sept ans au Collège Ahuntsic à Montréal et elle est aussi membre associée de Figura, centre de recherche sur le texte et l’imaginaire (Université du Québec à Montréal). Elle a soutenu en mars 2013 une thèse de doctorat intitulée "Violence du réel et fragmentation chez Hubert Aquin et Marguerite Duras", qui est actuellement en cours de publication. Elle travaille en particulier les rapports entre la fragmentation de l’écriture, la psychanalyse lacanienne, les théories de l’Histoire et du politique ainsi que l’éthique. Ses recherches actuelles portent sur le savoir de l’œuvre comme malédiction chez Marguerite Duras, mais aussi chez d’autres écrivains de la modernité et de la période contemporaine. Au cours des dernières années, elle a coorganisé deux colloques sur l’œuvre de Duras: le premier, qui s’est tenu en 2005, s’intéressait au rapport image texte alors que le deuxième, en 2012, a interrogé son cinéma. Ce dernier fait présentement l’objet d’un collectif à paraître chez Peter Lang en 2014. Elle a aussi participé à d’autres évènements organisés notamment autour de l’œuvre de Duras et a publié plusieurs articles dont "Duras à l’encontre de Dieu... de la douleur à la dérision" (Rodopi, 2014), "Écrire l’incompréhensible de l’Histoire: Duras face à elle-même" (Peter Lang, 2009), "L’impossible représentation: fragmentation des modes d’écriture chez H. Aquin et M. Duras" (Nota Bene, 2008) ainsi que deux comptes rendus sur des spectacles qui ont été présentés sur la scène québécoise en 2011 et 2013 pour le Bulletin de la Société Marguerite Duras.

 

Présentation du colloque et calendrier provisoire en ligne: http://www.ccic-cerisy.asso.fr/duras14.html

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