On - la critique, le commerce, le lecteur, les esprits paresseux - oppose souvent la prose d'idées et la prose de fiction. Il y aurait ainsi d'un côté l'imagination, de l'autre la réflexion. Les deux ne feraient pas bon ménage. En réalité, comme chacun qui a un peu lu n'aura pas manqué de le vérifier, la frontière entre la prose d'idées et la prose d'imagination est poreuse. Mais alors pourquoi une frontière aussi peu opérante tient-elle encore debout ? Il faut que les lois du commerce soient bien puissantes pour que les lecteurs puissent se laisser ainsi enfermer dans des catégories auxquelles l'usage apporte régulièrement un démenti. Mais le font-ils vraiment ? Dans les pages qui suivent sont présentées quelques grandes oeuvres de fiction gorgées d'idées sans qu'en souffrent l'imagination ou l'art de raconter : L'homme sans qualité (Robert Musil), Bouvard et Pécuchet (Gustave Flaubert), Le zéro et l'infini (Arthur Koestler), Carnets (Pierre Bergounioux), Nana (Émile Zola), La nouvelle Héloïse (Jean-Jacques Rousseau).
- Argument, vol. 18, no 2 - 160 pages -16 $
En libraire le 20 avril