Ayant su attirer dans le champ de l’empiriquement observable des phénomènes relevant du jugement subjectif et donner l’allure d’une science à une croyance populaire, la physiognomonie a connu le succès d’une science capable de produire un savoir social particulièrement précieux dans un contexte de bouleversement des hiérarchies socio-culturelles. À ce titre, elle a profondément marqué l’histoire des représentations et influencé la production et les projets d’artistes, de penseurs et d’écrivains. L’élargissement du champ d’investigation de la physiognomonie, son réinvestissement dans des constructions politiques ou sociales ainsi que les transpositions disciplinaires et médiatiques dont elle a fait l’objet, ont contribué à en faire un objet d’étude polymorphe. Les contributions réunies dans ce numéro observent les différentes manifestations de la postérité connue au XIXe siècle par le modèle physiognomonique qui postulait l’équivalence entre l’intériorité d’un individu et ses caractéristiques observables.