L'équipe de l'OIC (Observatoire de l'Imaginaire Contemporain) vous invite à consulter sur son site web son tout premier Cahier ReMix, Imaginaires du présent. Photographie, politique et poétique de l'actualité, dirigé par Vincent Lavoie.
Aujourd’hui encore, on attribue à la photographie une fonction mémorielle et testimoniale que nulle autre image ne semble pouvoir disputer. L’actualité continue en effet de nous fournir maints exemples de cette inaltérable prérogative de la photographie. À quoi est attribuable cette vivace actualité de la photographie?
Quelles sont les conditions (médiatiques, politiques, psychiques) au fondement de cette qualité préservée? À quel imaginaire de la contemporanéité la photographie contribue-elle? Quel sens donner à l’expression « photographie d’actualité », sachant que la catégorie ne cesse de muter? Que faut-il penser des rémanences du passé au sein même des images de presse : les impressions de déjà-vu, la réitération de formes historiques, la répétition de figures de rhétorique, etc. Sous quels aspects l'intermédiation des images de presse renouvelle-t-elle les attributions canoniques de la photographie d'événement? Enfin, l'exposition ou encore la mise en réseau des imageries du temps présent, moins qu'une condamnation, serait-il plutôt une occasion de repenser l'imprimé, support de prédilection du photojournalisme?
À ces questions, les auteurs des contributions réunies dans cette première livraison des cahiers de recherche ReMix ajoutent celles, plus circonstanciées encore, associées à leur propre objet d'analyse : la photographie comme agent de vraisemblance dans la presse illustrée au XIXe siècle (Thierry Gervais), les mythifications sociales dans la presse magazine de l'après-guerre (Edward Timke), les images prises au téléphone portable en période de révolution (Natalia Lebedinskaia et James Henry), les injonctions morales de la photographie humanitaire (Tania Perlini), les dispositifs photographiques du contre-pouvoir (Ariella Azoulay), les Balkans vus par la photographie, au travers le cinéma et la littérature (Jean-Pierre Montier), la dimension politique du geste documentaire (Liam Devlin), les imageries de l'annihilation nucléaire comme allégories modernes (John Lucaites et Robert Hariman), l'élaboration d'une post-traumatologie du 11-Septembre par la monstration photographique de ses témoins/spectateurs (Annie Dulong). Ainsi donc, quelles que soient les mutations technologiques et médiatiques touchant les images événementielles, quelle que soit la réponse des sociétés contemporaines aux événements qui l’affectent, la photographie demeure une insigne pourvoyeuse d’imageries du temps présent.