Dès le milieu des années 1970, la littérature n’échappe pas à la prolifération des discours motivés par l’urgence d’une réflexion environnementale à l’échelle globale. Des textes comme The Comedy of Survival: Literary Ecology and a Play Ethic (1974) de Joseph Meeker ou encore « Literature and Ecology » (1978) de William Rueckert sont parmi les premiers à articuler théorie littéraire et perspective écologique. Toutefois, ce n’est qu’au début des années 1990, notamment avec la naissance de l’ASLE (Association for the Study in Literature and Environment) aux États-Unis, que l’écocritique commence réellement à se constituer en champ d’études. Avec cette nouvelle possibilité de rencontre pour les chercheur/es s’intéressant aux relations entre littérature et environnement et la naissance de plusieurs associations nationales à travers le monde, incluant l’Association pour la littérature, l’environnement et la culture au Canada (ALECC), de nombreux ouvrages collectifs portant sur l’écocritique voient le jour, tel The Ecocriticism Reader (1996).
Dès lors, l’écocritique emprunte différentes trajectoires afin de repenser le lien qui unit l’être humain à son environnement et de proposer des réflexions critiques allant au-delà de la constatation de la crise qui en découle. En privilégiant l’approche interdisciplinaire, elle s’articule sous une pluralité de méthodes où sont convoquées maintes disciplines, telles l’écologie, la géographie, l’histoire et la biologie, avec l’intention de réaffirmer le pouvoir agissant de la littérature dans le processus social de conscientisation. Cependant, comme le constatent plusieurs critiques, dont Lawrence Buell dans « Ecocriticism: Some Emerging Trends » (2011) et Scott Slovic dans « The Third Wave of Ecocriticism » (2014), la
majorité des travaux écocritiques sont rédigés en anglais et portent sur un corpus anglophone, limitant ainsi la portée de ces réflexions, touchant pourtant l’ensemble de la planète. Qu’en est-il des pratiques écocritiques dans les autres cultures?
C’est dans cette veine que s’inscrit le présent colloque, d’abord motivé par la simple volonté de mieux comprendre le mouvement écocritique tel qu’il se développe et se pratique dans les milieux francophones du Canada. Quels textes de fiction ou critiques, dès les années 1970 et même avant, ont exploré les enjeux environnementaux en tentant de les cerner? À quelles questions et à quels corpus (canadien, québécois, américain, français, africain, etc.) les écocritiques francophones s’intéressent-ils au Québec et au Canada? Ces pratiques sont-elles en voie d’être institutionnalisées ou, au contraire, sont-elles isolées? Finalement, comment peut-on envisager l’avenir de l’écocritique québécoise et canadienne de langue française? En d’autres mots, quel est le statut de l’écocritique dans le monde francophone nord-américain? Par la tenue de ce premier colloque sur l’écocritique québécoise et franco-canadienne, nous souhaitons créer un espace de discussion où les problématiques entre littérature et environnement pourront se penser et se partager en français. Nous en appelons également à la création d’une communauté de chercheur/es francophones interpellé/es par ces questions. Ce colloque sera l’occasion de se réunir, d’échanger et de partager nos travaux en cours afin de stimuler la réflexion sur le passé, le présent et le futur de l’écocritique francophone au Canada.
Programme ci-joint.
Pour nous joindre : colloque.ecocritique@gmail.com