Activité du Centre
Parution
Ce huitième numéro de la revue MuseMedusa se propose d'interroger la figure de Némésis, au milieu d'une année marquée par la crise sanitaire mondiale de la Covid-19 et par l'urgence capitable des mobilisations antiracistes suscitées par le meurtre de George Floyd à Minneapolis, les notions de justice et d'injustice, d'égalité et d'inégalité, de châtiment et de pardon sont en train d'être clarifiées, débattues, précisées et rendues primordiales avec passion et urgence partout dans le monde. Or ces idées de justice et de châtiment trouvent leur personnification en la figure de Némésis. Divinité primitive vénérée dans toute la Grèce, fille de la Nuit, elle est aussi l'incarnation de la désapprobation indignée. Par définition, Némésis est irréprochable. C'est elle qui incarne et promeut une certaine idée du bien. C'est elle qui réserve contre la faute fondamentale de l'hybris; c'est elle qui punit les mortels tentant de s'élever au rang des dieux ; c'est elle encore qui rabaisse ceux qui font preuve de démesure. La déesse est une justicière implacable. Son pouvoir vengeur est sans fin, inéluctable. «À chacun son dû», déclare sans pitié la déesse de la justice distributive, avec qui on ne peut pas négocier.
Placées sous le regard impitoyable de Némésis, les contributions ici publiées nous aident non pas à transformer la société ni à réinventer le monde –c'est le travail qui se prépare pour les mois, les semaines et les années à venir– mais, modestement, nous incitent à réfléchir à l'équité. Qui sont les Némésis aujourd'hui ? Quels sont les utilités et les usages historiques et contemporains de la vengeance? Comment la littérature et l'art affrontent-ils la violence de la loi? Comment peuvent-ils faire émerger de nouvelles formes de justice?