Cette journée d'étude abordera l'événement d'abord sous l'angle des signes qui l'annoncent, puis des traces qu'il laisse ou non dans les textes et les fictions.
Selon Alain Badiou, « Un événement […] c’est quelque chose qui fait apparaître une possibilité qui était invisible ou même impensable. Un événement n’est pas par lui-même la création d’une réalité […]. L’événement crée une possibilité, mais il faut ensuite un travail, collectif dans le cadre de la politique, individuel dans le cas de la création artistique, pour que cette possibilité devienne réelle, c’est-à-dire s’inscrive étape après étape, dans le monde. » (2010)
Voilà un concept d’une grande richesse pour comprendre le récit de fiction. L’événement, en littérature, ce peut être l’incipit; en science, la découverte inattendue qui mènera au changement de paradigme ou la catastrophe environnementale qui bouleversera l’écosystème; alors qu’en politique, c’est la révolte, la révolution, l’attentat, le changement de régime ou d’idéologie. Dans le cadre de cette journée d’étude, nous explorerons, dans une perspective sémiotique et sociocritique, l’hypothèse qu’en littérature et dans d’autres formes de fictions narratives, si l’événement n’est pas prévisible a priori, il l’est a posteriori. Lorsqu'il a eu lieu, les signes de son imminence se multiplient en amont. Il fonctionne comme une apocalypse, dans le sens que de nombreux signes pointent vers lui, mais aussi qu'il est rupture et « procédure de vérité », alors qu'il échappe le plus souvent à la représentation. Ce sont les signes annonciateurs et les traces subséquentes qui lui donnent vie et forme et qui nous intéresseront dans la cadre de cette journée.
