Journée d'étude
Marginaux et provocants, les textes de Virginie Despentes donnent à voir des personnages socialement incorrects, hors système: des mères qui détestent leurs enfants, des femmes qui aiment être battues, qui jouissent de leur viol et retournent voir leur agresseur, des violeurs qui suscitent la compassion, des hommes fragiles et efféminés, des prostituées et des actrices de films porno assumées; des Trans F2M qui déclarent ouvertement et sans vergogne leur gain de privilèges et d’opportunités depuis leur transition.
L’œuvre de Despentes découvre aux yeux de tous une société où des pratiques, des rôles, des comportements, des groupes, des gens et des idéologies obscènes sont en tension. Si elle les thématise et les décrit, elle le fait en éliminant tout sensationnalisme. Dénués de l’intention de divertir et d’exciter, les aspects obscènes des textes despentiens perturbent et dérangent les raccourcis idéologiques moralistes et vertueux, et retournent les jugements hâtifs sur eux-mêmes.
Cette journée d’étude pensera l’œuvre de Virginie Despentes autour des questions suivantes: par quels moyens et par quels effets de sens l’œuvre de Virginie Despentes propose-t-elle une critique de la vie sociale (organisation, relations entre l’individu et les groupes, communication, représentations des minorités de toutes sortes, écarts de fortune, mécanismes de pouvoir, etc.)? Quels traitements fait-elle des mots au goût du jour, des évidences doxiques, de tout ce qui se donne comme «allant de soi»? Comment le politique traverse-t-il cette œuvre et, en retour, comment celle-ci passe-t-elle celui-là au crible de la critique, et avec quels résultats? Comment les dispositifs narratifs élaborés dans cette œuvre la singularisent-ils par rapport à d’autres textes qui la précèdent et qui l’innervent (Acker, Céline, Bukowski, etc.)?
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