Activité du Centre
Appel à communication
L’histoire littéraire s’est construite pendant longtemps autour du texte et du livre; en ce sens, les bibliothèques des écrivain·e·s sont reconnues en tant qu’environnements intimement liés à la création littéraire et ont été étudiées à ce titre dans le courant des dernières années [1]. Pourtant, bon nombre d’auteurs et d’autrices s’entourent tout aussi volontiers d’images de natures diverses, qu’ils amassent, classent ou affichent selon des dispositifs variables. Calqué sur celui de «bibliothèque», «iconothèque» est un terme contemporain, utilisé en archives, qui recoupe des réalités diverses et qui ont existé historiquement: le magasin d’images du XIXe siècle, mais aussi la collection, le stock, et plus récemment le répertoire ou la base de données. Sous ces dénominations pointe une continuité dans les usages des images par les écrivain·e·s jusqu’à aujourd’hui. La notion d’iconothèque permet d’aborder ces pratiques et ces gestes iconographiques, dans le cadre plus large des recherches, en plein essor, sur l’histoire matérielle de la littérature et sur les pratiques culturelles des écrivain·e·s, comme sur le montage et l’agencement d’images.
Le XXe siècle a été, avec la montée des avant-gardes, une période particulièrement propice à la prolifération d’ensembles iconographiques, petits musées ou archives personnels, faits d’œuvres originales, mais surtout d’images reproduites. Bon nombre d’auteur·e·s ont en effet collectionné et collectionnent des reproductions d’œuvres d’art, mais aussi des photographies découpées dans la presse, des cartes postales, des vignettes de cinéma ou des prospectus publicitaires. De façon explicite ou non, ces iconothèques ont nourri les imaginaires des écrivain·e·s, que ces collections d’images relèvent de l’autel privé, au sein duquel les images sont rassemblées, voire sacralisées, pour un usage individuel, ou de la banque d’images, servant de point de départ à leurs diverses circulations. Offertes, échangées, conservées, détournées, ces images constituent en tant qu’objets matériels le pivot des sociabilités littéraires. Selon leur mode de présentation, elles participent également de la construction de postures des auteurs et autrices, qui se mettent volontiers en scène en compagnie d’images dont ils et elles sont entré·e·s en possession. Le XXIe siècle, quant à lui, a vu, dès ses prémisses, l’avènement des images numériques, la production et la circulation toujours plus effrénée d’images dématérialisées (ou soi disant dématérialisées). Ce passage dans l’ère numérique a-t-il fondamentalement changé le rapport des écrivain·e·s aux images ou lui a-t-il donné une autre dimension? Comment les modalités évoquées pour le XXe siècle se retrouvent-elles (ou non) à l’époque contemporaine? Vers quelles formes ont-elles évolué, voire quelles pratiques les ont supplantées?
À la suite d’une première journée organisée par Jessica Desclaux et François-René Martin sur les iconothèques d’artistes, écrivains et historiens de l’art du XIXème siècle et d’une deuxième manifestation organisée par Marcela Scibiorska et Anne Reverseau autour des iconothèques d’écrivain·e·s du XXème siècle, cette rencontre aura pour objectif d’interroger, en lien avec les contextes historique, social et culturel, la notion d’iconothèque d’écrivain·e à l’époque contemporaine (2000-2020), dans la sphère francophone. Il s’agira de penser ces iconothèques sur le mode des bibliothèques, en tant qu’espaces de création littéraire, refuges, musées ou encore lieux symboliques. L’objectif principal sera de confronter la dimension concrète de l’iconothèque, qu’elle soit d’ordre matériel ou, plus récemment, numérique, à sa dimension imaginaire.
Les propositions de communication (environ 300 mots, avec bio-bibliographie) sont à envoyer avant le 20 mars 2021 à l’adresse des organisateurs-trices de la rencontre. Les réponses seront données pour le 1er mai 2021, après examen et sélection des propositions par le comité scientifique. Le colloque aura lieu à Montréal, au Canada, les 7 & 8 avril 2022(l’hébergement pour les chercheur·e·s non québécois·e·s sera pris en charge).
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