Cette journée d’étude interdisciplinaire se déroulera à l’Université du Québec à Montréal le 3 avril 2018.
Les propositions de 300 mots sont attendues pour le 25 janvier 2018.
«Il y a toujours un texte en amont» affirme l’auteure, metteure en scène et performeuse catalane Angélica Liddell à propos de la matière première irriguant chacune de ses créations (Liddell et Cousin, 2013). Susceptible de se métamorphoser, de s’effriter ou de voler en éclats, ce texte fait émerger, chez elle, les images et les actions d’un théâtre du corps supplicié. Pour plusieurs autres artistes, le corps scénique, qu’il soit ou non mis à mal, se révèle aussi tissé de textes. Depuis le corps de papier qui (parfois) préexiste à l’incarnation sur le plateau jusqu’aux différentes représentations qui le donnent à voir, le corps est le lieu où se trament différentes relations aux textes – textures, textualités, transtextualités – qui le disent et le traversent. Celles-ci font du corps – présentiel ou virtuel – le lieu et le support de l’énonciation, un espace mouvant à partir duquel interroger le réel et l’imaginaire. Si, depuis Artaud, les écritures dramatiques et scéniques contemporaines investissent fortement les territoires corporels, elles font apparaître, sur la page ou sur la scène, un corps multiple, oscillant entre la monstration obscène et la spectralisation, ou voguant entre différentes strates de mise en présence, lesquelles établissent un «nouvel équilibre (…) entre corps et texte, corps et drame» (Poulain, 2011 : 10). L’objectif de cette journée d’étude est de (re)penser les relation entre le texte et ce corps pluriel, sur le versant de la dramaturgie et de la mise en scène comme sur celui de la réception spectaculaire. Ainsi, les dynamiques et tensions établies entre le texte (ou ses traces) et le corps, que ce dernier soit noué aux imaginaires post-beckettiens participant d’une «poétique de la cendre» et de l’amoindrissement (Angel-Perez, 2006), qu’il investisse les territoires de la dématérialisation numérique ou, à l’inverse, ceux de la sur-présence immersive dans un «environnement négocié» avec le spectateur (Schechner, 2008), se trouveront au cœur des réflexions poursuivies lors de cette journée d’étude. À cette occasion, toutes les disciplines relevant du champ des arts de la scène – dramaturgie, théâtre, danse, cirque, performance – pourront être convoquées, l’interdisciplinarité favorisant une saisie composite des questions que nous désirons soulever, notamment: quelles dramaturgies émergent en aval du théâtre performatif et des écritures de plateau? comment s’écrit l’expérience corporelle du spectateur engagé dans un dispositif théâtral immersif? quel système de résonances permet le passage du texte poétique à l’écriture chorégraphique ou circassienne? Il va sans dire qu’à cette pluralité d’objets et de champs disciplinaires correspond un large éventail de perspectives théoriques possibles. Aussi, pour favoriser la mise en écho entre les interventions, celles-ci s’inscriront dans l’un des trois axes suivants :
- Dispositifs (perspectives esthétiques, dramaturgie, théorie des pratiques immersives, performatives, ambulatoires ou in situ)
- Démarches (perspectives poïétique, ethnographique ou autoethnographique; recherche-création)
- Réception (expérience spectatorielle; pensée et praxis de la réception)
Cette journée d’étude vient clore un cycle amorcé en 2015 par le groupe de recherche interuniversitaire Bodytext/Textualités du corps codirigé par Catherine Cyr (UQAM) et Louis Patrick Leroux (Université Concordia). Cellule nomade et à composition variable, ce groupe, formé sous l’égide de l’Association Canadienne pour la Recherche Théâtrale, est composé de professeurs, de stagiaires postdoctoraux et de praticiens-chercheurs. Ses travaux ont été présentés, notamment, lors de récents colloques de la Société québécoise d’études théâtrales (SQET, 2015, 2016) et de la Chaire de recherche du Canada en dramaturgie sonore au théâtre (UQAC, 2016). Pour sa dernière année d’activité, le groupe souhaite s’enrichir de nouvelles collaborations.
Les contributions, d’une durée de 20 minutes, pourront prendre la forme d’une communication, d’une conférence-démonstration ou d’une performance.
Des réflexions issues de cette journée d’étude feront l’objet d’une publication au printemps 2019.
Prière de transmettre vos propositions à Catherine Cyr (cyr.catherine@uqam.ca) et à Louis Patrick Leroux (patrick.leroux@concordia.ca).