Les problématiques environnementales sont indéniablement centrales au Canada, tant l’espace, par son immensité et sa diversité, donne à revisiter et repenser notre appréhension du naturel et l’empreinte que nous y laissons. Mais quelles limites, physiques et/ou idéologiques, définissent la nature ? Linda Hutcheon notait en 1989 que « même la nature ne pousse pas sur les arbres » (Hutcheon : 1989), puisque celle-ci semble perdre de son évidence à mesure que nous remodelons – continuellement – la dichotomie nature/culture. Où peut-on encore trouver la nature ? Dans le jardin ou le parc, simulacres dessinés par l’homme, dans la forêt ou encore le Grand Nord canadien ? Où se séparent le naturel et l’humain ? Une telle délimitation existe-t-elle ?
En littérature canadienne de langue française, le « roman du terroir » (1846-1945) fait figure de précurseur par son attachement à la terre et au territoire, mais également en offrant un premier imaginaire du naturel. Relégué au second plan par les problématiques identitaire et nationale au Québec jusqu’aux années 1980, la nature revient au centre des considérations littéraires comme dernière utopie fédératrice, comme en témoignent la montée exponentielle des approches écopoétique et écocritique, qui proposent un cadre de référence pour « penser le rapport à l’environnement tel qu’il apparait dans la littérature » (Schoentjes : 2015). Que peut nous apprendre la littérature sur notre perception de notre environnement naturel ? Quelles stratégies narratives et discursives sont employées pour mettre en scène la nature dans le domaine littéraire ? Comment le texte littéraire peut-il suggérer l'idée de nature comme processus et non pas seulement comme cadre fixe de l'activité humaine ? Quel est le rôle de l'écrivain dans la protection du paysage ? La nature est-elle cadre de l’action ou performant diégétique ?
Cet atelier, qui aura lieu au printemps 2017 dans le cadre du congrès de l'APFUCC à l'université Ryerson à Toronto, explorera le rapport entre l’humain et le naturel dans les littératures canadiennes de langue française du XIXème siècle à nos jours. Il sera l’occasion d’observer l’évolution de la perception du paysage chez les écrivains, de sorte qu’il sera possible de constater la naissance et l’épanouissement d’une conscience environnementale au sein de textes littéraires.
Voici une liste non exhaustive de pistes de réflexion qui pourront être abordées :
● Altérité de la nature
● Anthropocentrisme et biocentrisme
● Bestiaire et bestialité
● Écologisme et activisme
● Exil(s) et fuite(s) vers la nature
● Littérature et sciences environnementales
● Perspectives théoriques
● Pratiques géopoétiques
● Questions génériques (nature writing, nouvelles, roman environnemental, poésie, théâtre…)
● Représentations du Nord
● Représentations de la marge
● Ruralités et urbanités
● Thématique de l'immensité : forêts, déserts et mers
● Théories du paysage
● Perspectives autochtones
● L’écriture au féminin, théories du care, écoféminisme
● Perspectives diachroniques ou synchroniques
Veuillez joindre à votre proposition de communication (250-300 mots) une notice biobibliographique (100 à 150 mots) spécifiant vos nom, prénom, statut et université d’attache.
Responsables de l’atelier :
Julien Defraeye, University of Waterloo – julien.defraeye@gmail.com
Gabrielle Girard-Lacasse, UQÀM - gabrielle.g.lacasse@gmail.com
Date limite pour l’envoi des propositions : le 15 décembre 2016