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Némésis, ou le châtiment inéluctable - 8e numéro de MuseMedusa

Appel de texte
Némésis est la personnification grecque du châtiment. Divinité primitive vénérée dans toute la Grèce, fille de la Nuit, elle est aussi l’incarnation de la désapprobation indignée, un concept abstrait (Νέμεσις). Selon les récits mythologiques, Zeus amoureux a pourchassé la déesse et, à la suite de leur union, Némésis, transformée en oie, a pondu l’œuf d’où est sortie Hélène. Maillon, donc, dans la chaîne liant le chaos (Nyx) à la beauté parfaite (Hélène), Némésis est une justicière implacable. C’est elle qui préserve contre la faute fondamentale de l’hybris, c’est elle qui punit les mortels tentant de s’élever au rang des dieux, c’est elle encore qui abaisse ceux qui font preuve de démesure. Son pouvoir vengeur est sans fin, inéluctable. «À chacun son dû», déclare sans pitié la déesse de la justice distributive, avec qui on ne peut pas négocier.
 
Némésis conseille la modération et la discrétion mais elle le fait par la menace et non pas par la douceur. Elle commande. Elle avertit. Elle intimide. Elle adresse ses adjurations aux mortels avec une fureur inouïe. Comme l’explique Marcel Mauss dans son essai sur le don, Némésis fait non seulement appel à la générosité, elle l’exige: «La libéralité est obligatoire, parce que la Némésis venge les pauvres et les dieux de l’excès de bonheur et de richesse de certains hommes qui doivent s’en défaire: c’est la vieille morale du don devenue principe de justice». Derrida, qui cite Mauss dans Donner le temps, ajoute qu’«il faut bien payer».
 
Le 8e numéro de MuseMedusa propose d’étudier les incarnations modernes et contemporaines de Némésis afin de réfléchir plus généralement sur les notions de châtiment et de justice à l’heure actuelle. Nous accueillerons des études de cas et d’œuvres, des réflexions théoriques, des approches historiques et culturelles aussi bien que les créations littéraires et artistiques qui font revivre les faiblesses et les forces de Némésis aujourd’hui. Voici une liste non exhaustive d’axes de réflexion à explorer:
 
Réactualisations esthétiques des problématiques inscrites dans le mythe de Némésis:
 
L’impunité: est-elle possible? qui peut se la permettre?
Le châtiment: en quoi répond-il (ou pas) à la gravité du crime?
La punition, la sanction: comment peut-on y prendre plaisir?
La peine de mort: qui peut l’imposer?
Le Pardon, la rédemption: est-ce possible de pardonner, de se racheter?
La justice: comment la définir et la représenter?
La justice poétique: serait-ce, à vrai dire, la seule justice possible?
Le crime: qu’est-ce qu’un crime?
Les figures du criminel, du hors-la-loi et de l’impuni: d’où vient leur force?
La violence de la loi: comment l’affronter?
La violence au féminin: comment penser la justicière infaillible aujourd’hui?
 
Le discours du châtiment face à la littérature et à l’art:
 
L’art doit-il se soumettre à la loi?
Qu’est-ce qu’un crime artistique? un crime littéraire?
Quelle Némésis pour l’art à l’heure actuelle?
Comment la littérature et l’art poussent-ils les limites du dicible, du pensable, du représentable afin de réécrire les lois (esthétiques, civiles, morales, etc.)?
Est-ce possible de faire de l’art et de la littérature un sanctuaire, un lieu à part, un espace hors la loi?
Les figures de l’artiste et de l’écrivain.e: quelles libertés peuvent-ils/elles se permettre?
 
Les contributions (en français ou en anglais ; max. 30 000 signes, espaces comprises) accompagnées d’un résumé (français et anglais), de 10 mots clés (français et anglais) et d’une brève notice bio-bibliographique sont à envoyer à Ania Wroblewski et à MuseMedusa avant le 15 février 2020. Prière de suivre les consignes précises du protocole de rédaction.

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