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Accompagner, limites et possibles

Date : May 02, 2023
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Activité du Centre
Colloque
La notion d’accompagnement est, depuis quelques années, posée en avant-plan des discours politiques, sociaux et universitaires. Bien que l’intérêt dont elle est l’objet a précédé les évènements mondiaux des deux dernières années, la pandémie a révélé au public à la fois la précarité et l’importance cruciale des soignant.e.s et des travailleur.se.s essentiel.le.s trop souvent marginalisé.e.s. Encore, à l’automne 2022, la pénurie au Québec d’enseignant.e.s de secondaire et du primaire rend patent le peu d’avantages (sociaux, économiques et symboliques) dont bénéficient les accompagnant.e.s de l’enfance et de l’adolescence, en même temps que leur dimension nécessaire. Par ailleurs, on voit se dessiner dans l’espace social une prolifération des modes d’accompagnement, généralement vue d’un bon œil : mentorat par les pairs, tutorat, normalisation du suivi psychologique et de l’éducation spécialisée, etc. On assiste par conséquent à une revalorisation symbolique du « prendre soin », laquelle ne profite pas nécessairement à ceux et celles qui accompagnent. En ce sens, les études du care, qui s’emploient à repenser l’attention à l’autre, s’orchestrent autour d’une volonté de mettre au centre de la pensée le caractère crucial de l’accompagnement dans la vie humaine. Si ces théories s’intéressent aux personnes accompagnantes souvent marginalisées, elles proposent aussi de considérer les êtres humains non pas en individus autonomes mais comme des êtres vulnérables et interdépendants. Toutefois, l’acte d’accompagner suscite parallèlement une méfiance, laquelle est particulièrement aiguë vis-à-vis des professeur.e.s, éditeur.trice.s, médecins et autres « guides », c’est-à-dire lorsque s’y mêle un rapport de force dont on craint que certain.e.s ne tirent profit (abus relationnel, d’autorité ou de pouvoir). Par conséquent, tout en étant valorisé d’une part, l’accompagnement est aussi mis sous la loupe : quelles limites peuvent ou ne peuvent pas être franchies par celui ou celle qui accompagne ? Comment un.e professeur.e, par exemple, peut-il.elle ou ne peut-il.elle pas guider un.e étudiant.e ? Comment un.e éditeur.trice oriente-t-il ou oriente-t-elle un texte sans l’étouffer ? Comment un.e psychologue, ou un.e psychanalyste, peut-il ou peut-elle négocier ce jeu entre influence et écoute face à un.e patient.e vulnérable ? Comment un.e soignant.e fait-il ou fait-elle pour prendre ses responsabilités professionnelles tout en laissant un.e malade choisir « pour lui-même », « pour elle-même » ? En d’autres termes, que faire lorsque l’accompagnement devient ambigu au point de le rendre suspect, et de mettre en question la possibilité même « d’accompagner » ? Et que penser des tentatives de dématérialisation de l’acte d’accompagner, qui le rationalisent et l’encadrent mais le déshumanisent aussi : assistances intelligentes et diverses applications de soutien, qu’elles soient financières, psychologiques ou de santé ? Comment la littérature peut-elle nous permettre de réfléchir ces ambiguïtés, comment peut-elle elle-même accompagner ? C’est parce que les questions que suscitent ces différentes positions s’opposent, s’entrechoquent, et pourtant se recoupent, qu’il paraît nécessaire d’interroger de façon critique la notion d’un « bien accompagner », en s’arrêtant sur les difficultés, limites, et ambivalences spécifiques à l’accompagnement. Peut-on dire que cet acte qu’est l’accompagnement n’existe finalement que dans le hiatus, celui qui échappe à la contractualisation et qui le rend, aussi, profondément humain ?
 
Ce colloque interdisciplinaire en recherche-création sera structuré autour de trois grands axes, qui sont autant d’ambivalences/points limites de la notion d’accompagnement.
La résistance et la résilience face au soin : L’essor actuel des humanités médicales tend à « humaniser » la pratique du soin, notamment par sa posture interdisciplinaire dans les médecines narratives. Quel rapport l’accompagné.e (patient.e, malade, élève, etc.) entretient-il ou entretient-elle avec l’accompagnement ? Comment la résistance au modèle du « bien (être) accompagner(é.e) » devient-elle partie prenante du soin ?
 
L’autorité et la vulnérabilité : Les études du care ont mis en lumière la vulnérabilité inhérente de l’être humain, et insisté sur la notion de responsabilité que chacun a envers l’autre. Quelle vulnérabilité l’accompagnement vient-il panser, mettre en lumière ? Comment se déplacent les rôles de la vulnérabilité et de l’autorité dans un processus d’accompagnement ?
 
La confiance et la méfiance : L’accompagnement est généralement basé sur un principe de confiance mutuelle. Comment cette confiance peut-elle être instaurée dans un processus d’accompagnement ? Devrait-on contractualiser les modes d’accompagnement, pour rendre ce dernier plus sécuritaire ?
 
Ce sont autour de telles questions que nous vous invitons à penser avec nous.
 
MARDI 23 MAI
 
➢ À la librairie Gallimard (3700 Boul. Saint-Laurent, Montréal, QC, H2X 2V4)
 
18h00 : Soirée de bienvenue à la librairie Gallimard
 
Accueil des participant.e.s. Présentation et lecture des textes de création issus des ateliers de la Chaire McConnell-Université de Montréal sur les récits du don et de la vie en contexte de soins (Fortin, Mavrikakis, Harel), des ateliers « Soigner son monde » (Harel, Gascon-Detuncq, Millot, Université de Montréal) ainsi que du groupe de recherche-création « La littérature comme espace paradoxal du care » (FRQSC, Mavrikakis, Oberhuber).
 
Lectures de : Louise Delisle, Chantal Fortier, Shannie Horth, Inês Faro, Sanna Mansouri, Maïté Snauwaert. Présentées par Andrea Oberhuber et Pascale Millot.
 
MERCREDI 24 MAI
 
➢ Au Carrefour des arts et des sciences de l’Université de Montréal (salle C-3061)
 
9h00 : Mot de bienvenue
 
9h15 : Conférence d’ouverture : David Caron (Université du Michigan, Littérature) : Accompagnement et performance
Présidence : Benjamin Gagnon Chainey (Université Dalhousie / Colombia University, Littérature)
 
10h45 : Pause
 
11h00 : Pratique de la pensée commune (I)
 
• Melikah Abdelmoumen (autrice) et Philippe Manevy (auteur) : Écrire avec
• Claire Legendre (Université de Montréal, Littérature) et Karianne Trudeau Beaunoyer (Université de Montréal, Littérature) : Dialectique de la répétition : une expérience d’accompagnement en recherche-création
• Catherine Mavrikakis (Université de Montréal, Littérature) et Eftihia Mihelakis (Université Brandon, Littérature) : La question du différend dans la pensée en commun
 
Présidence : Clara Dupuis-Morency (autrice)
 
12h30: Lunch (Salle Marius-Barbeau : C-2081/83)
 
13h45 : Le bon et le mauvais patient
 
• Louis-Thomas Leguerrier (Université de Montréal, Littérature) : La confession d’Hippolyte ou l’échec de la relation d’accompagnement vers la mort
• Frédérique Bernier (autrice) et Léonore Brassard (Université ParisVIII-Vincennes- Saint-Denis, Littérature) : Analysantes finies et infinies
 
Présidence : Catherine Mavrikakis (Université de Montréal, Littérature)
 
14h45 : Politiques de l’accompagnement
 
• Clyde Plumauzille (CNRS, Histoire) : Accompagner ses maîtres : la solitude des travailleuses domestiques déportées dans l’Hexagone. La trame coloniale du service domestique dans La Noire de… d’Ousmane Sembène (1966)
 
• Catherine Grall (Université d’Amiens, Littérature) : Quels types d’accompagnement la littérature peut-elle offrir à l’heure de l’anthropocène?
 
• Licia Soares de Souza (UQAM, Littérature) : Le soin nécessaire de peuples vulnérables face à l’usure des chercheurs d’or en Amazonie. La tragédie annoncée des Yanomamis.
 
Présidence : Karine Gendron
 
16h15 : Pause
 
16h30 :  Table ronde : Puissances et limites de l’accompagnement en contexte d’extrême vulnérabilité. Avec : Paul Cormier (patient partenaire), Julian Menezes (Hôpital Royal Victoria, intervenant en soins spirituels), Charlotte Biron (autrice)
Présidence : Pascale Millot (Université de Montréal, Littérature)
 
17h45 : Fin de la première journée
 
JEUDI 25 MAI
 
➢ Au Carrefour des arts et des sciences de l’Université de Montréal (salle C-3061)
 
9h00 : Conférence : Maïté Snauwaert (Université de l’Alberta, Littérature) : Du deuil au care : L’écrivain dans nos vies
Présidence : Pascale Millot
 
10h30 : Pause
 
10h45 : (Non)-accompagnement dans l’espace littéraire
 
• Jean-Pierre Boulé (Université de Nottingham Trent, Littérature) : Michel Simonin, Danger de Vie : ou comment le non-accompagnement mène à l’écriture.
 
• Simon Harel (Université de Montréal, Littérature) : Linda Lê. Accompagner jusqu’au seuil de l’errance.
 
• Kiev Renaud (Université de Sherbrooke, Littérature) et Alex Viens (auteurice) : Soin dans la relation éditoriale. Le cas des Pénitences.
 
Présidence : Caroline Hogue (Université de Montréal, Littérature)
 
12h15 : Lunch (Salle Marius-Barbeau : C-2081/83)
 
13h30 : Limites dans l’autonomie et la dépendance
 
• Laurence Dufour-Villeneuve (Université de Montréal, Philosophie) : La non-observance des patientes comme piste pour un savoir situé de l’endométriose
 
• Aude Bandini (Université de Montréal, Philosophie) et Jonathan Garfinkel (Université de l’Alberta, Littérature) : L’autonomie des patients peut-elle aller trop loin ?
 
Présidence : David Caron (Université du Michigan, Littérature)
 
14h30 : Le contrat de soin
 
Jean Wilkins (CHU Sainte-Justine, Pédiatrie), Marie-Chantal Fortin (CRCHUM, néphrologie), Marie-Pierre Gendron (UQAM, Psychologie), Vincent Dumez (Université de Montréal, faculté de médecine / Patient partenaire).
 
Présidence : Hugo Satre (Université de Montréal, Littérature)
 
16h00 : Pause
 
16h15 : Éthiques de l’accompagnement
 
• Kim Sang Ong Van Cung (Université Bordeaux-Montaigne, Philosophie) : L’accompagnement et la confiance dans l’encadrement doctoral. Réflexions éthiques et politiques.
 
• Patricia Paperman (Université Paris VIII – Vincennes-Saint-Denis, Sociologie) : Vulnérabilité et dépendances. Remarques sur les questions de pouvoir dans l’accompagnement.
 
Présidence : Laurence Laneuville (Université de Montréal, Littérature / Université McGill, Psychiatrie)
 
17h15 : Fin de la deuxième journée
 
VENDREDI 26 MAI
 
➢ Au Carrefour des arts et des sciences de l’Université de Montréal (salle C-3061)
 
9h00 : Atelier pratique sur la confiance et l’attention avec Massimo Guerrera (artiste, méditant)
 
10h45 : Pause
 
11h : Techniques et technologies accompagnantes
 
• Mona Ben M’rad (Université McGill, Psychiatrie / Hôpital du Haut-Richelieu, Néphrologie) : Accompagner les aînés avec la méditation en pleine conscience, le yoga et le tai-chi en utilisant la technologie.
 
• Margot Mellet (Université de Montréal, Littérature) : Feature to be documented : manifeste en faveur du détournement en édition numérique
 
Présidence : Maïté Snauwaert
 
12h00 : Lunch (au CELCP : C-8086 et au CII : C-8056)
 
13h30 : Pratique de la pensée commune (II)
 
• Benjamin Gagnon Chainey (auteur) et Philippe Yong (auteur) : L’accompagnement in absentia par la création littéraire
• Ouanessa Younsi (CIUSSS-du-NIM, Psychiatrie / autrice) et Noémie La Haye-Caty (Université de Montréal, Psychiatrie) : Psychiatrie et littérature : une « réconciliation batailleuse » (Miron)
 
Présidence : Marine Noël
 
14h30 : Pause
 
14h45 : Table ronde : Accompagner dans les cycles supérieurs. La perspective étudiante. Avec Andréas Farina-Schroll (Université de Montréal / Université Libre de Bruxelles), rachel lamoureux (UQAM, Littérature), Ridouania Si Allouch (Université de Montréal, Littérature) et Xin Tan (Université de Montréal, Littérature).
Présidence : Léonore Brassard et Kiev Renaud
 
16h15 : Pause
 
16h30 : Conférence de clôture : Caroline Ibos (Université Paris VIII – Vincennes-Saint- Denis, Sociologie) : Avoir accompagné. Les restes de l’abandon et de l’émancipation.
 
Présidence : Aude Bandini
 
18h00 : Clôture du colloque