Ce projet de recherche a pour objectif d’analyser le discours sur la peur et les modalités de sa représentation en France dans les dernières années du dix-huitième siècle. Alors que l’historiographie s’est depuis longtemps intéressée aux peurs qui s’emparèrent des acteurs et des témoins de la Révolution française, à leurs mécanismes de diffusion et aux incidences qu’elles eurent sur l’évolution de la vie politique, on ne possède à ce jour aucune étude qui analyserait en détail la manière dont cette émotion envahit au même moment l’imaginaire collectif. Afin de mettre au jour le rôle joué par la peur dans un corpus de romans et de récits de témoignage publiés entre la chute de Robespierre (27 juillet 1794) et la fin du Directoire (9 novembre 1799), ce projet privilégie une approche de la littérature soucieuse de saisir les relations qu’elle tisse avec d’autres types de discours : scientifiques, politiques et juridiques. C’est en convoquant des traités médicaux publiés à la même époque, des pamphlets, des discours consignés dans les archives parlementaires, des mémoires justificatifs et des réquisitoires que ce projet conduira à une meilleure compréhension de ce que la peur signifia pour les hommes et pour les femmes qui virent s’écrouler l’Ancien Régime.