Alors que l’image a, depuis une trentaine d’années et très récemment, fait l’objet d’études importantes, peu de critiques se sont penchés sur l’intersection entre l’image photographique et la littérature depuis la question du sujet, qui plus est de sa spectralité. Par le biais d’un corpus constitué d’auteurs/photographes, nous voulons étudier la question du spectre de soi tel qu’il est mis en scène par la première et la dernière images et leur mise en récit. Nous recentrerons la question du témoignage autour de la question de l’absence de soi (et de l’absence à soi) en mettant l’accent sur le début et la fin de la vie. Ainsi, nous chercherons à comprendre le récit de soi, littéraire et photographique, non pas comme l’inscription de moments d’un déroulement temporel ou évenementiel de l’existence (l’Histoire, la mémoire, la biographie), mais bien plutôt comme la saisie de ce qui constitue et défait imaginairement le moi. Le projet repose ainsi sur l’hypothèse générale suivante : le travail d’écrivains-photographes, d’écrivains qui s’intéressent aux photos et de photographes qui se servent des mots, met en scène la spectralisation du sujet. Ces auteurs/artistes ont pensé l’absence de soi et sont hantés par la question de la limite de leur vie.