À l’heure où, dans divers champs de connaissance et d’expérience, des préoccupations écologiques et environnementales mobilisent notre attention, se déplient dans le paysage théâtral des dramaturgies qui déplacent ou réinventent les rapports entre l’humain, la matière et différentes formes de vie. Plurielles, ces nouvelles dramaturgies, entendues comme des «écosystèmes» (Sermon, 2017), proposent des agencements narratifs et sensibles qui font éclore des formes d’écriture singulières que nous nous attacherons, ici, à explorer. Cette exploration se fera par le biais d’une saisie théorique composite, au croisement de la poétique du drame et de l’écopoétique, une perspective théorique se donnant «pour objectif d’étudier la représentation littéraire des liens entre nature et culture, humain et non-humain» (Defraeye et Lepage, 2019). Le propre de cette dernière approche, qui est «de prêter particulièrement attention aux constructions discursives, énonciatives et narratives des questions environnementales en contexte littéraire» (Ibid.), permettra de nouer la réflexion esthétique aux enjeux écologiques portés par les œuvres.
Ce projet de recherche poursuit deux objectifs. D’abord, il s’agira de tracer les contours épistémologiques d’un cadre théorique hybride, entrelaçant poétique du drame et écopoétique, et spécifiquement dédié à l’analyse dramaturgique. Ensuite, nous nous attacherons à mettre au jour et à amorcer l’analyse d’un corpus d’œuvres dramatiques québécoises arrimées à l’imaginaire environnemental. Dans ce cadre, les pièces de Félix-Antoine Boutin, Sarah Berthiaume, Nathalie Boisvert, Christine Beaulieu, Maryse Goudreau, de même que les nouvelles dramaturgies autochtones, en particulier les œuvres de Dave Jenniss et d'Émilie Monnet, occuperont une part importante de la réflexion. Il s'agira ainsi d'éclairer un pan de la production dramatique québécoise tout en contribuant à l'essor des perspectives théoriques écopoétiques.