Automne 2019
Département d'études littéraires (doctorat en sémiologie et cycles supérieurs en études littéraires) - UQAM
La présence du cinéma dans une grande partie des productions culturelles et artistiques actuelles est un fait notable. Pour peu qu’on s’y intéresse en littérature, on remarque en effet qu’une partie non négligeable des oeuvres contemporaines est fortement marquée par les images en mouvement. Mais la question demeure: jusqu’où la présence du cinéma dans la littérature contemporaine se fait-elle sentir et quel sens peut-on lui donner? Ce séminaire tentera d’y répondre en confrontant les étudiant.e.s à une question autrement plus radicale: en quel sens peut-on affirmer que la littérature contemporaine fait du cinéma? Pour susciter des pistes de réflexion autour de cette question, je privilégierai, dans le séminaire, une approche interdisciplinaire qui relève plus d’échanges techniques que symboliques entre les deux arts. Sur le plan théorique, je proposerai de concevoir les interactions entre la littérature et le cinéma de manière performative en n’essayant plus de comprendre comment un récit littéraire évoque métaphoriquement les images d’un film, mais de conceptualiser la façon dont il les reprend pour produire des effets visuels dans le langage, tout en signifiant leur intention de les produire (phénomène que j’ai conceptualisé sous le nom de «cinéfiction»). En interrogeant ainsi le faire des textes et leurs effets sur la lecture, en problématisant en somme la continuité entre les deux arts plutôt que de constater leur discontinuité évidente, le séminaire incitera les étudiant.e.s à saisir théoriquement les interactions entre les deux arts à partir de la notion sémiotique de «diagramme-cinéma» (Baker 2005, Castro 2011, Peirce 1978) et le concept de «remake» (Rongier, 2015). Se distinguant ainsi des études traditionnelles qui s’appuient essentiellement sur les rapports imaginaires et symboliques entre la littérature et le cinéma (Clerc, 1993, Cléder, 2012), le séminaire proposera aux étudiant.e.s d’analyser comment la littérature refait les images en mouvement du cinéma pour en interroger les forces d’agir et d’affecter ou encore pour en actualiser les puissances.