Hiver 2019
Département des littératures de langue française, Université de Montréal
Fruit d’une collaboration qui crée un nouveau rapport entre le textuel et le pictural, le Livre surréaliste n’a presque jamais un seul auteur: il appelle une autre manière de l’étudier qui prenne en compte cette réalité, elle-même éclairée par les études sur l’objet livre, les dispositifs texte/image et la «part du féminin» dans le Surréalisme. Les recherches d’Henri Béhar, Renée Riese Hubert, Lothar Lang et Yves Peyré, entre autres, ont éclairé la place privilégiée prise, au sein des avant-gardes historiques, par la collaboration entre écrivains et artistes visuels dans l’élaboration d’une nouvelle esthétique. Si les collaborations entre auteurs et artistes aboutissant aux grands classiques du Livre surréaliste ont été largement explorées par la critique (Facile d’Éluard et Man Ray et Parler seul de Tzara et Miró), il n’en est pas de même des ouvrages créés par deux femmes ou par une femme et un homme. Les exemples de collaborations «féminines», d’une part, et «mixtes», d’autre part, sont pourtant nombreux, où les femmes dépassaient les traditionnelles pratiques de l’illustration, de la reliure ou du scrapbooking.