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AGIR / Art des femmes en prison

Author : Line Dezainde
Date : Apr 16, 2013
Category :
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Annonce

 

Vous êtes cordialement invités au vernissage de l'exposition AGIR / Art des femmes en prison, organisée par la commissaire Louise Lachapelle, membre Figura, le mardi 23 avril à 12 h, dans le Vivoir du Collège Maisonneuve situé au 2701, rue Nicolet.

Pour toutes les informations au sujet des heures d'ouverture, de la table ronde et  les visites commentées, veuillez cliquer ici.
 


La prison : une caserne un peu stricte,
une école sans indulgence,
un sombre atelier […].

Michel Foucault  Surveiller et punir


Au moment de présenter l’exposition AGIR / Art des femmes en prison entre les murs d’un établissement d’enseignement supérieur, j’éprouve le besoin de relire ce texte de Foucault à la lumière de ces œuvres d’art multidisciplinaire réalisées en milieu carcéral par des femmes judiciarisées.

Surveiller et punir est un essai marquant, il porte sur la naissance – somme toute récente – de la prison. Le philosophe Michel Foucault y souligne que, dans nos sociétés, « l’évidence de la prison se fonde aussi sur son rôle, supposé ou exigé, d’appareil à transformer les individus ». La prison enferme, redresse, rend docile écrit-il, et, en cela, elle reproduit, en les accentuant, des mécanismes qu’on trouve déjà dans le corps social. Différents « dispositifs disciplinaires » de domination, de contrôle et de surveillance fonctionnent en effet, disséminés dans la société. Ils constituent, selon Foucault, une « grande trame carcérale » soutenant une économie normative du pouvoir « et l’instrument pour la formation du savoir dont cette économie a besoin. » Autrement dit, la prison s’inscrit dans un système social dont je fais partie et auquel je contribue à divers degrés en tant qu’enseignante, chercheure et artiste, en tant que femme et citoyenne.

Après cette relecture, je suis en mesure d’apprécier, une fois de plus, l’acuité critique du regard que posent les artistes de l’exposition AGIR / Art des femmes en prison sur la prison et sur notre société qui tend à banaliser cette institution. Elles expriment cette (auto)critique avec une profonde humanité et une maîtrise redoutablement efficace, des esthétiques, des codes et des langages de l’art contemporain.

Les œuvres et les démarches des artistes communautaires et professionnels de l’exposition AGIR / Art des femmes en prison, ainsi que les collaborations artistiques et institutionnelles dont témoignent ces différents projets, nous offrent une affirmation forte du potentiel de transformation individuelle et collective propre à la création et à l’imaginaire. La présentation de ces œuvres, démarches et collaborations contribue à créer les conditions d’un dialogue public sur des enjeux tels que la criminalisation de la pauvreté et la répression des personnes judiciarisées. Il s’agit aussi d’une invitation à mettre en œuvre davantage de justice sociale et de solidarité citoyenne avec et entre toutes et tous.

L’exposition AGIR / Art des femmes en prison au Collège de Maisonneuve dans le contexte de la Quinzaine citoyenne 2012-2013, voilà une rencontre nécessaire.

 


Louise Lachapelle
Commissaire de l’exposition mandatée par la Société Elisabeth Fry du Québec et le Collectif Art Entr’Elles, Louise Lachapelle est aussi enseignante et chercheure au Collège de Maisonneuve.