Depuis le milieu du XIXe siècle et le développement de ce qu’on a dès lors nommé le « système industriel américain » (produire des objets en regroupant les différentes étapes de leur conception sous un toit, dans une même usine), les États-Unis sont associés à l’idée du progrès technologique, en particulier à travers la production de machines de types fort diversifiés. Des voitures d’Henry Ford aux ordinateurs produits par Bill Gates et Steve Jobs, en passant par des réflexions – sinon des réalisations – qui remettent en jeu la définition de l’être humain par la création de cyborgs, le pays où est né Internet a eu un impact prodigieux à ce sujet, bien au-delà de ses frontières. Cet impact concerne aussi bien la manière dont ont été transformées les structures des sociétés occidentales, que la manière dont les êtres humains ont commencé à se concevoir différemment– pensons à l’effet des réflexions sur la cybernétique ou sur les réseaux virtuels.
Ainsi, depuis 150 ans et l’invention du téléphone, différents modes de communication, qui se traduisent par l’invention de multiples machines, irriguent l’imaginaire américain et se manifestent partout en Occident.
Ce colloque examinera la présence des machines dans les créations imaginaires des deux côtés de l’Atlantique depuis la fin du XIXe siècle. Il s'agira de s’interroger sur la façon dont se révèlent les traces d’un imaginaire américain de la machine dans les textes littéraires mais aussi au cinéma, dans les séries télé, la peinture, le théâtre… Comment cet imaginaire machinique américain est-il déplacé, condensé, interprété? Inversement, quelle est la part qui revient à l’Europe dans la construction de cet imaginaire américain?
À travers la figure de la machine et son ancrage aux États-Unis, le colloque « D’un imaginaire, l’autre : la machine dans tous ses états » permettra également de penser de manière comparatiste les rapports culturels entre l’Amérique et l’Europe.
L'enregistrement est disponible sur le site de l'Observatoire de l'imaginaire contemporain.
PROGRAMME
Mercredi 12 octobre
17h30 cocktail de bienvenue (Local J-4935)
Jeudi 13 octobre
8h45 Accueil des participants
9h15 Mot de bienvenue
Séance 1 - La machine comme vecteur d'organisation sociale
9h30 Isabelle Boof-Vermesse (Université de Lille) : “O Machine!” : La machine universelle, une comparaison entre « The Machine Stopped » (1909) de E. M. Forster et The Diamond Age or A Young Lady’s Illustrated Primer (1995) de Neal Stephenson
10h00 Anne Ullmo (Université de Tours) : Rêves de machines, machines de rêve dans Martin Dressler : The Tale of an American Dreamer de Steven Millhauser
10h30 Christian Chelebourg (Université de Nancy) : Comme un rêve à vapeur : poétique de la machine Steampunk
11h00 Pause café
11h15 Mathieu Freyheit (Université de Nancy) : To hack or not to hack : le recours au numérique dans la fiction de jeunesse contemporaine
11h45 Hélène Machinal (Université de Brest) : « You’re being watched » versus « Is it now ? », le rapport de l’homme à la machine dans Person of Interest
12h15 repas
Séance 2 - Se transporter: éloge (ou non) de la vitesse
14h00 Jean-François Chassay (UQAM) : Faire corps : l’imaginaire de la voiture
14h30 Gérald Preher (Université catholique de Lille) : En route vers la liberté : Les automobiles dans Rock Springs de Richard Ford
15h00 Pause café
15h30 Elaine Després (chercheure indépendante, Ph.D. UQAM) : « Tout le monde à bord ! » : le train de l'apocalypse glacée dans La compagnie des glaces et Le Transperceneige
16h00 Olivier Parenteau (collège Saint-Laurent) : « Exploité de façon réaliste partout » : de quelques représentations du camion dans la littérature française et américaine (1950-1989)
Vendredi 14 octobre
9h00 accueil des participants
Séance 3 - Corps en mutation
9h30 Marie-Hélène Voyer (postdoctorante, UQAM) : « D'autres corps en nous » : de quelques narrateurs machiniques dans le roman français et québécois contemporain
10h00 Philippe Saint-Germain (collège Ahuntsic) : Les prothèses hors de la machine
10h30 Pause café
11h00 Sophie Hort (doctorante, UQAM) : Expériences lovecraftiennes : La machine, la technique et l’horreur cosmique
11h30 Gaïd Girard (Université de Brest) : Dans la « vallée de l'étrange » (Mori) : des robots et des hommes dans quelques films de SF américains des années 70 (THX 3811, Westworld, Futureworld).
12h00 repas
Séance 4 - Fantasmer la machine
13h30 Antonio Dominguez Leiva (UQAM) : Ultimate Sex Machine : autour de l’Orgasmatron de Woody Allen
14h00 Lison Jousten (Université de Liège) : Machine monstrueuse
14h30 Edward Timke (Université de Berkeley) : L'ennemi ou d'un compagnon de la Française? : les publicités pour les appareils électro-ménagers américains en France pendant les années 1950
15h00 Pause café
Séance 5 - Pratiques lectorales et narratives : les effets de la machine
15h30 Arnaud Regnauld (Paris 8) : Persistance du lyrisme et “machinations” du sujet dans Dictée de Theresa Hak Kyung Cha et Locus Solus de (Raymond Roussel) Mark Amerika
16h00 Sylvie Bauer (Université de Rennes) : « Forest electronics, radio science » : langue toxique et transmissions brouillées dans The Flame Alphabet de Ben Marcus
16h30 Bertrand Gervais (UQAM) : Les machines à lire : entre Readies, Memex et Internet, un imaginaire technique du livre et de la lecture
17h00 mot de clôture
20h00 : banquet