L'équipe de la revue de critique littéraire Postures annonce le lancement de son dixième numéro sur Les écritures de l'histoire.
Présentation du numéro
Si, comme le dit Jacques Rancière dans Le partage du sensible,
« le réel doit être fictionné pour être pensé », il convient de
s’interroger sur la posture des écrivains qui tentent de représenter,
par le biais d’œuvres de fiction, une certaine réalité historique. Un
modèle plus traditionnel de la représentation de l’Histoire tente de
concilier celle-ci avec la fiction en supposant la possibilité d’une
saisie univoque des événements. Pensons à Stendhal, par exemple, qui
parle du roman comme d’un « miroir promené le long d’un chemin », ou
encore à Zola, pour qui le travail de l’écrivain consiste à transcrire
le monde tel qu’il se dévoile aux yeux de son observateur. D’autres
écrivains, au contraire, refusent l’objectivité du réel, dévoilant à
travers diverses modalités du texte (narration, énonciation, etc.) le
caractère éminemment contingent de la réalité historique. Dans un cas
comme dans l’autre s’impose l’évidence d’un rapport problématique entre
l’Histoire et ses représentations, rapport qui reflète et rappelle les
questions mises en jeu dans les relations qui unissent le couple
écriture et réalité.
L’ensemble des textes que nous vous présentons dans ce numéro
inscrit de manière claire l’écriture comme un médium de représentation
à la fois privilégié et problématique. Privilégié dans la mesure où il
permet d’explorer des territoires qui demeurent autrement
inaccessibles, les territoires de l’imaginaire et du possible, qui font
partie de notre réalité ; mais problématique parce qu’il contribue à
créer une illusion de vérité, à atténuer la ligne de partage qui sépare
les faits historiques des constructions de l’imagination. Cette
frontière saura-t-elle un jour, sous la plume de quelque écrivain,
retrouver l’exactitude de son parcours ? La question se pose. Mais les
textes ici réunis diront que là n’est pas l’enjeu de l’écriture, que
celle-ci ne restitue rien si ce n’est que quelques traces d’une vérité
en fuite, sur laquelle il nous revient d’enquêter.