Propulsé par Drupal

Table ronde avec Anne Élaine Cliche autour de son livre Poétiques du Messie

Author : Anonymous
Date : Oct 27, 2009
Category :
Comment : 0
13
Conférence

Anne Élaine Cliche discutera de son livre Poétiques du Messie. L'origine juive en souffrance (Montréal, XYZ, 2007) avec Isabelle Lasvergnas et Georges Leroux, dans le cadre des activité du GEPI, le Groupe d'Études Psychanalytiques Interdisciplinaires de l'UQAM.

Entrée libre.

Notices

Anne Élaine Cliche enseigne au Département d'études littéraires de l'UQAM. Elle est aussi romancière. Elle a reçu le Prix J.I. Segal 2008 de la Bibliothèque publique juive de Montréal, catégorie « Littérature en français sur un thème judaïque ». Elle est également l'auteur du roman La pisseuse (Triptyque) et d'un essai Dire le livre (XYZ). Son quatrième roman Mon frère Ésaü vient de paraître (XYZ, 2009).

Isabelle Lasvergnas est psychanalyste, membre de la Société psychanalytique de Montréal (Société canadienne de psychanalyse) et professeur au département de sociologie de l'UQAM. Auteur de nombreux articles psychanalytiques, elle a dirigé notamment La méthode psychanalytique dans ses mises à l'Épreuve (PUF), Le vivant et la rationalité instrumentale (Liber).

Georges Leroux, professeur émérite au département de philosophie de l'UQAM, est un spécialiste de la philosophie grecque. Il a également reçu, en 2007, le prix de la revue Études françaises et le Grand Prix du livre de Montréal pour son essai intitulé Partita pour Glenn Gould, publié aux Presses de l'Université de Montréal.

Présentation

L'Histoire en hébreu se dit toldot, terme pluriel qui se traduit par enfantements, engendrements. On doit donc se mettre au diapason de cette notion pour saisir un peu de quoi est fait le Messie qui apparaît dans la Bible et le Talmud comme la retombée d'une généalogie. La pensée juive conçoit l'histoire comme chaîne des filiations et donc comme enjeu du désir, de la jouissance, de la transmission, de l'identification, bref, comme nouage des noms et aventure « dramatique » de la parole. On peut dire que cette poétique est à l'origine de l'Occident; origine juive qui occupe l'histoire et la travaille à son insu telle une lettre restée en souffrance. Le Messie ayant quelque chose à voir avec le sexe et la sexuation, il est, dans son invention même, une figure de l'engendrement que l'épistémologie des sciences historiques méconnaît. Le Christ est venu obturer « la porte étroite » par où le Messie peut toujours venir. En prenant à sa charge le péché du monde, il délivre la chrétienté du risque que constitue l'incréé de la responsabilité. Avec Lui, le littéral se voit frappé de refoulement au profit de ce que le christianisme appelle « l'esprit » pour désigner une transcendance du signe qui promeut l'exégèse et substitue à la mémoire la commémoration et l'acte de foi en l'événement. Mais pour la tradition juive, le Messie désigne la prise en compte du temps comme engendrement, passage par la naissance et la mort, ce qui implique, à l'encontre de la mythologie, un devenir, de même qu'un corps et une conscience éthique livrés à l'alternance du jour et de la nuit. Car le Messie pourrait bien n'être qu'un effet de la sortie du temps mythique, la figure la plus saisissante de la démythologisation de la parole (Cervantès, Schreber, Aboulafia, Klein, Céline, Perec, Freud, Lacan, le Talmud, la Bible).