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Appel à communication - "On parlera un jour des archives du désir". Colloque sur l'oeuvre d'André Roy

Appel à communication
Action Writing, Les passions, L’accélérateur d’intensité, Nuits, Vies, La vie parallèle: l’œuvre poétique et essayistique d’André Roy est marquée par des cycles et quelques électrons libres. Plus récemment, c’est à une série d’hommages qu’il nous a convié·es, en établissant un dialogue avec l’œuvre de Kafka, de Mandelstam et de quelques écrivain·es persécuté·es ou écorché·es par l’histoire littéraire. Penser sa poésie selon un système cyclique comme il le fait, «c’est faire un vœu sur la durée» (Leclerc, 2012:42), ce qui inscrit d’emblée son œuvre dans l’inachèvement, comme un constant work in progress. Mais malgré cette imposante production d’une trentaine de titres sur près de cinquante ans –ayant reçu de nombreux prix– cela n’a pas empêché son œuvre d’être passablement ignorée par le milieu universitaire; comme on le constate dans la bibliographie jointe à cet appel, si on a consacré une trentaine de critiques à l’œuvre royenne au fil des ans, peu –voire pas– d’études, de mémoires ou de thèses s’y sont intéressé·es. Mise à part sa participation au renouveau formaliste de la poésie québécoise dans les années 1970 –aux côtés de Nicole Brossard, François Charron, Roger Des Roches, Normand de Bellefeuille, Claude Beausoleil et France Théoret, notamment– l’histoire littéraire lui a accordé assez peu d’importance, quelques lignes tout au plus. Pourtant, en 1981, Roy, parlant de sa déconstruction formelle et langagière du recueil de poésie, «[se] réjouiss[ait] d’avance à l’idée que les universitaires allaient barbotter là-dedans», «par malice, par ironie» (Bonenfant et Giguère, 1981:53). Le présent appel vise à renverser cette tendance en défrichant les territoires inexplorés de cette œuvre trop longtemps négligée.
 
Doctorant en études françaises de l’Université de Sherbrooke, professeur de niveaux universitaire et collégial, journaliste, critique littéraire (Fugues) et de cinéma (24 images), André Roy a été un acteur important dans le milieu culturel québécois des dernières décennies. Il est surtout l’un des premiers écrivains ouvertement gai du Québec (avec Michel Tremblay et Jean-Paul Daoust), de même que l’un des premiers à avoir écrit sur le sida dans la littérature québécoise. D’aucuns qualifieraient aujourd’hui son œuvre de queer, formellement et thématiquement: il s’agit d’une écriture ironique qui cherche d’abord la jouissance du texte (Barthes), qui déjoue les conventions formelles et déplace les signifiants, et ce, afin de «parasiter la communication» (Bonenfant et Giguère, 1981:53) et d’instituer une nouvelle lisibilité à travers l’indicible, le non-dit et le manque. Poésie carnavalesque, écriture du détraquage et de la rupture, elle est aussi ancrée dans les pulsions du corps sexué, machinée par le désir; ce faisant, elle ne cesse de jouer, de produire un dialogue entre le sujet cultivé et le sujet désirant. On a plus souvent qualifié ses textes d’intimistes, voire d’autobiographiques, en considérant l’énonciation au je qui apparaît dès 1979 et la figure d’«André» qui arpente la plupart de ses recueils comme une invitation à la mise à nu solidaire permettant de se retrouver soi-même dans l’autre. Son œuvre poétique est toutefois ponctuée de références intermédiales (au cinéma, à la peinture, au théâtre, à la danse), et le dialogue avec d’autres œuvres littéraires et d’autres arts en constitue l’une des isotopies dominantes. Sans être didactique, sa poésie porte également une charge politique: s’investissant dans l’écriture d’un désir minoritaire, elle aborde aussi des enjeux sociohistoriques importants (l’épidémie du sida dans On sait que cela a été écrit avant et après la grande maladie, par exemple, ou la persécution du peuple juif dans La très grande solitude de l’écrivain pragois Franz Kafka). Toute cette œuvre lucide est traversée par la réécriture, l’autoréférentialité, le ressassement et une réflexion sur sa propre pratique, au point où Paul Chanel Malenfant l’envisage comme une «chronique de métamorphoses » (1992:170).
 
Dans le cadre de cette journée d’étude, nous vous invitons à entrer en dialogue avec l’œuvre d’André Roy, cette «écriture du désastre, d’un désastre conçu comme l’un des beaux-arts» (Paquin, 2002:35), qui a pour mission de «sauver l’ordre humain, malgré la plaie béante du désir» (Brochu, 1998:205). Quelques pistes de réflexion possible:
-Poésie formaliste, influence structuraliste et contre-culture;
-La réception critique de son œuvre, sa place dans l’histoire et le champ littéraires;
-Écriture du corps, écriture de soi;
-(Homo)sexualité, désir, queerité;
-Intermédialité, intertextualité et travail critique;
-Imaginaire et culture américains;
-Présences de la psychanalyse;
-Cyclicité, autoréférentialité et réécriture;
-Altérité, solidarité et pratique citationnelle;
-Spiritualité et sacralité.

 
Les propositions de communication (d’au plus 300 mots), accompagnées d’une courte notice biobibliographique, doivent être envoyées avant le lundi 1er juin 2021 à l'adresse des organisateurs.

 

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