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«Déviances» Appel de communications - Colloque annuel de l’Association Étudiante des Cycles Supérieurs en Études Littéraires de l’Université du Québec à Montréal (AECSEL-UQAM)

Même si toute une branche de la sociologie est dédiée à l’étude de la déviance, il s’agit d’un concept qu’on a encore du mal à cerner. La déviance a d'abord été pensée comme tout ce qui sortait du commun. Sa définition a ensuite été calquée sur le modèle de la maladie physique : le déviant a été assimilé à un élément pathogène  qui  menace  l’intégrité  de  la  société.  Avec  la  publication  d'Outsiders en  1963,  Howard  Becker marque définitivement ce champ de la sociologie en considérant la déviance comme une construction sociale. Il  postule  en  effet  que  « la  déviance  n’est  pas  une  propriété  simple,  présente  dans  certains  types  de comportements  et  absente  dans  d’autres,  mais  le  produit  d’un  processus  qui  implique  la  réponse  d’autres individus à ces conduites 1 ». La déviance n'est donc pas uniquement caractérisée par les actions que l’individu déviant pose; elle est déterminée et légitimée par l'évaluation morale, culturelle et politique que les membres d'une société font de ces actes. La littérature ne peut échapper à cette définition sans cesse actualisée de la déviance. Quelles représentations en propose-t-elle; quelles formes la déviance et ses effets prennent-ils au sein du texte? Comment la littérature déconstruit-elle les discours qui la désignent et la déterminent à la fois?

La  mise  en  récit  de  déviances  apparaît motivée  essentiellement  par  un  désir  de  faire  violence  aux normes. Dans le cas de la littérature érotique, les oeuvres d'Elfriede Jelinek, de Christine Angot ou de Nelly Arcan  prennent  par  exemple  une  position  délibérément  déviante  par  rapport  au  genre.  Ce  faisant,  elles permettent un détournement tantôt de ses conventions et de ses codes, tantôt des perceptions de la sexualité et de  l'intime.  Un  décentrement  similaire  se  produit  lorsque  des  personnages,  par  leur  penchant  voire  leur appétit pour le crime, menacent et mettent en doute nos fondements moraux. Ces représentations — pensons à  Dexter  par  exemple  —  provoquent  un  brouillage  des  structures  de  pensées,  ouvrant  une  brèche  sur l'inconscient  social.  La  déviance  peut  aussi  se  penser  sous  l'angle  de  l'iconoclasme,  à  l'image  du  courant artistique Deviant Art. Caractérisé par une pratique du « politiquement incorrect », celui-ci s'ancre dans une espèce d'« esthétisation de la déviance » en multipliant les approches et les médias (infographie, webcomics, caricatures,  blogues,  etc.).  Loin  d’être  toujours  une  nuisance,  la  déviance  peut  ainsi  se  faire  annonciatrice d’un  changement,  devenir  une  marque  évolutive.  L’écrivain  qui  sort  volontairement  des  cadres  culturels préétablis peut mettre en évidence ce qui, dans l’acte déviant, a un potentiel politique ou révolutionnaire. Ce qui  était  répressible  jadis  ne  l’est  peut-être  plus  aujourd’hui  de  la  même  façon  que  ce  qui  nous  trouble maintenant ne le fera possiblement plus demain. Métronome culturel, les déviances sont ainsi des fenêtres ouvertes, ou du moins entrouvertes, sur la société et les discours qui les décrètent.

Ce colloque sera l’occasion de s’interroger sur les diverses formes que peut prendre la représentation de déviances. Toutes les dimensions et toutes les approches littéraires de la question pourront être envisagées lors de communications de 20 minutes. Organisé par l'Association étudiante des cycles supérieurs en études littéraires (AECSEL) de l'UQAM, ce colloque, qui en est à sa 5e édition, aura lieu à l’UQAM, le jeudi 28 mars  2013.  Nous  invitons  les  étudiant-e-s  à  nous  faire  parvenir  au  plus  tard  le  11  janvier  2013  une proposition  de  communication  d'environ  250  mots,  accompagnée  d'un  titre  et  de  leurs  coordonnées  (nom, université  d'attache,  adresse  courriel  et  civique,  numéro  de  téléphone)  à  l'adresse  électronique  suivante  : aecsel.uqam@gmail.com.

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