L’Association Étudiante des Cycles Supérieurs en Études Littéraires (AECSEL) de l’UQAM vous convie à venir explorer, réfléchir et déployer le thème de sa quinzième journée d’étude, qui se tiendra le 2 mai 2024.
15ème journée d’étude annuelle de l’AECSEL (UQAM) 2 mai 2024 J-2805
Ce qui forme un commencement, ce qui précède et prépare une parole, ce qui se tient au seuil d’un espace, la liminarité est un concept aux multiples facettes. Liée à la notion de rite de passage (Van Gennep: 1909), elle caractérise la phase de marge, le moment de transition durant lequel le sujet flotte entre deux statuts. Si elle permet de mobiliser les notions d’espace-frontière (Tuan: 2006), la réflexion sur la liminarité invite aussi à penser à sa dimension temporelle (Turner: 1990). Entre la nostalgie d’un temps révolu et l’impatience de ce qui vient, la liminarité contracte et dilate le temps. Elle offre une opportunité unique de réévaluer ce que nous laissons derrière tout en anticipant l’avenir. Les repères traditionnels deviennent alors des ruines, des vestiges du passé qui subsistent dans un présent en constante transformation (Augé : 2003). Comment ces moments de transition influencent-ils notre compréhension du temps, et en retour, comment le temps sculptet-il nos expériences liminales?
La limite permet aussi de songer aux moyens par lesquels nous tentons de faire sens de ce qui nous échappe, aux processus de savoir qui dénoncent l’arbitraire des lois établies (Derrida : 2005) et à ce qui ne se révèle «que s’il y a une faille, une distorsion, un flottement ou un dysfonctionnement dans les liens qui unissent les choses» (Decout: 2018). Dans cette perspective, la limite renvoie à des manières d’écrire et de penser ambiguës, transgressives et adaptatives qui engendrent le doute pour mieux progresser dans l’instable et l’inconnu. Si le monde était compréhensible et raisonnable, que deviendraient les textes? Où irait vaquer l’imagination? Entre intersection et interstice, le liminaire prend place dans l’énonciation des identités queer, marginalisées, éclatées, à travers les enjeux du social, du culturel ou du politique (Dawson, Landry, Beaunoyer: 2021). L’énonciation à partir de l’écart témoigne d’une force créative, voire contestataire, dont de nombreux groupes doivent faire preuve pour se faire entendre. Les marges se naviguent, mais se réclament aussi: quelle est la place des discours littéraires qui contournent les hégémonies? Que comprendre des textes et des stratégies de celleux qui, par choix ou par obligation, passent par l’oblique? Nous vous invitons à penser la littérature via le décentrement, à vous tourner vers les savoirs et les démarches créatives accomplies ou à accomplir. Cette quinzième journée d’étude est l’occasion de questionner les moments de transition qui nous influencent, les formes de nos déplacements intimes et collectifs, les territoires de l’entredeux, les ruses qui permettent de traverser, de contourner ou de transcender les frontières.
Nous accueillons les propositions de recherche et de recherche-création. Les nouveaux et nouvelles étudiant·e·s aux cycles supérieurs sont chaudement encouragé·e·s à saisir cette occasion de réaliser leur première expérience de communication universitaire.
D’une longueur maximale de 250 mots, vos propositions de communication doivent être accompagnées d’une courte notice biobibliographique mentionnant votre université d’attache, vos intérêts de recherche et vos publications (s’il y a lieu). Merci de les acheminer à aecsel.uqam@gmail. com avant le 9 février 2024. Veuillez indiquer en objet votre nom et prénom, ainsi que le titre de votre communication d’une durée de 15-20 minutes.
Augé, Marc. 2003. Le temps en ruines, Paris, Galilée.
Dawson, Nicholas, Pierre-Luc Landry et Karianne Trudeau Beaunoyer (dir.). 2021. Se faire éclaté·e. Expériences marginales et écriture de soi, Éditions Nota Bene.
Decout, Maxime. 2018. Pouvoirs de l’imposture, Paris, Minuit.
Derrida, Jacques. 2005. Force de loi: le fondement mystique de l’autorité, Paris, Galilée.
Tuan, Yi-Fuan. 2006. Espace et lieu: la perspective de l’expérience, trad. Céline Perez, Gollion, Infolio.
Turner, Victor. 1990. Le Phénomène rituel. Structure et contre structure, Paris, P.U.F.
Van Gennep, Arnold. 1981 [1909]. Les rites de passage: étude systématique…, Paris, E. Nourry.