Conférence présentée par Émilie Granjon (stagiaire postdoctorale, Figura, UQAC/U. Jean-Moulin, France) dans le cadre du cycle de midi-conférences Figura/CRILCQ-UQAM.
Présentation
L'ésotérisme est une figure complexe réunissant différents courants
(alchimie, théosophie, astrologie, cabale, etc.) dont le principe
identitaire est fondée sur l'interdisciplinarité. Le projet initial des
courants ésotériques, en témoigne l'alchimie et la théosophie, ne
diffère pas selon les époques, cependant les manières de les
conceptualiser varient en fonction des contextes philosophiques et
scientifiques. La Renaissance est marquée par un renouveau littéraire,
scientifique et artistique qui n'échappe pas aux alchimistes et aux
théosophes. En effet, les disciplines ésotériques se placent au
confluent des divers champs que sont la médecine, la pharmacopée, la
philosophie, l'astrologie, la physique, la mythologie, la cabale, la
religion. Les symboliques afférentes, dignes représentantes de cette
interdisciplinarité, rendent compte d'un imaginaire fécond conditionné
par une double contrainte herméneutique. Afin de ne pas rendre
facilement accessibles les secrets de la nature à quiconque, les
ésotéristes ont utilisé de multiples stratégies sémantiques pour
orienter l'adepte (processus sémiosique orienté) et distraire le
néophyte (processus sémiosique détourné). En cela, l'emploi d'espaces
de référence variés tels que l'astrologie, l'alchimie, la théosophie,
la cabale, la mythologie, la géométrie, la physique, etc. convoque un
double processus sémiosique jouant simultanément de transparence et
d'opacité sémantique. Ce double jeu, nous voulons l'analyser
précisément en regard de l'interdisciplinarité parce qu'il conditionne
et façonne l'imaginaire ésotérique.
Notice
Émilie Granjon est théoricienne de l'art et effectue présentement un
stage postdoctoral à la Chaire de recherche du Canada sur la dynamique
comparée des imaginaires collectifs de l'UQAC et à l'Institut de
recherches philosophiques de Lyon 3 (Université Jean-Moulin). Elle a
soutenu une thèse de doctorat en sémiologie (UQAM) portant sur la
sémiogenèse de la symbolique alchimique au XVIIe siècle dans les
gravures de l'Atalanta fugiens. Elle consacre ses recherches
postdoctorales aux mécanismes interprétatifs et aux structures de
l'imaginaire de diverses symboliques ésotériques. Auteure de plusieurs
articles sur l'iconographie alchimique et l'imaginaire ésotérique, elle
a codirigé, avec Bertrand Rouby et Corinne Streicher, un important
dossier sur « Le symbole : réflexions théoriques et enjeux
contemporains », dans la revue Protée
(vol. 36, no 1, printemps 2008). Actuellement, elle codirige avec
Baudouin Decharneux, Giuseppe Balzano et Fabien Nobilio un ouvrage
collectif sur le symbolisme, la religion et l'ésotérisme, à paraître
dans la collection « Divin et sacré » des E.M.E éditions. Par ailleurs,
Émilie Granjon porte un intérêt particulier à l'art contemporain,
notamment à la résurgence de la symbolique alchimique autant dans la
symbolique que dans les pratiques artistiques actuelles.
Entrée libre.