Créée en 2008, le concours Mnémosyne vient chaque année consacrer le meilleur mémoire de maîtrise soumis par un étudiant membre de Figura. Cette année, Figura, le centre de recherche sur le texte et l’imaginaire, a décerné le prix du meilleur mémoire à Christian Guay-Poliquin pour son mémoire intitulé Au-delà de la « fin ». Mémoire et survie du politique dans la fiction d’anticipation contemporaine.
« À partir de trois fictions politiques d’anticipation, issues de la littérature contemporaine française, ce travail de réflexion vise à mettre en lumière une poétique de l’histoire qui affirme, au-delà de certaines représentations dystopiques, la survivance du projet moderne d’émancipation. Dans Warax de Pavel Hak, Et je dirai au monde toute la haine qu’il m’inspire de Marc Villemain et Dondog d’Antoine Volodine, on retrouve des régimes autoritaires qui fondent leur domination sur l’abolition de toute altérité sociale et historique. En revanche, les protagonistes de ces romans, confinés dans les marges de ces sociétés systémiques, persistent à conserver une expérience du temps et de l’histoire qui, en ravivant l’historicité du passé, ouvre l’horizon d’attente de l’avenir. Désarticulés de toute forme de reconnaissance sociale, les personnages mis en scène dans les textes de Hak, Villemain et Volodine sont regroupés en « communautés de la survie » qui, bien qu’elles peinent à croire à des lendemains radieux, représentent une trace inversée de la pensée utopique. C’est donc parce que ces oeuvres racontent l’histoire de vaincus qui refusent de consentir à la défaite, qu’elles mettent en relief la persistance du lourd héritage culturel des utopies déchues de la modernité, de façon à problématiser les rapports existants entre les espérances d’hier et les déceptions anticipées de demain. Et s’il est vrai que les thématiques de la « fin » ouvrent sur ce qui a été et sur ce qui sera plutôt qu’elles ne marquent un terme, il faut observer que les fictions à l’étude évoquent et participent à la mutation contemporaine de la pensée politique et de son imaginaire historique. Dans ce contexte, la résistance des communautés de la survie du corpus historicise et politise la « fin » en lui assignant un avenir qui, bien qu’incertain, redonne une actualité aux espérances du passé.».
Dirigé par Jean-François Hamel, le mémoire de Christian Guay-Poliquin sera publié à l'automne 2014.