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Formes et enjeux de la transmission dans les fictions contemporaines pour adolescents.e.s (appel)

Appel à communication

Depuis les années 1980-1990, de nombreuses fictions (littéraires, télévisuelles et cinématographiques) représentent des univers juvéniles dont les personnages principaux sont des adolescent.e.s. Elles rendent compte de la complexité du « moment adolescent » (Corroy, 2014) et de la diversité de ses manifestations en mettant notamment en scène les relations plus ou moins harmonieuses avec la famille, les adultes (les enseignant.e.s, par exemple) et les pairs. La place ainsi accordée aux interactions des personnages adolescents avec leur entourage n’a rien de surprenant si l’on considère que l’adolescence est une période de la vie fortement soumise à une tension entre individualisation et socialisation (Tap, 1991; Goslin, 2007). Dans son analyse consacrée aux « adonaissants » François de Singly (2006) constate que la majorité des adolescent.e.s ne se sentent pas en rupture avec le monde des adultes et établissent plutôt des allers-retours féconds entre ce monde et le leur. Dominique Pasquier (2005), en revanche, souligne l’existence d’un clivage croissant entre l’univers des adolescent.e.s et celui des adultes et de l’école. Elle porte également un regard assez pessimiste sur la nature des relations que les jeunes entretiennent entre eux. En évoquant une « tyrannie de la majorité », elle met l’accent sur la pression opérée par les pairs.



Bien que de nombreux travaux aient été menés sur les fictions pour adolescent.e.s, qu’elles soient littéraires (Pouliot, 2000; Di Cecco, 2000; Chelebourg, 2010; Nouhet- Roseman, 2011; Louichon et Brehm, 2016), cinématographiques (Lachance et al., 2009; Paris et Dupont, 2013) ou télévisuelles (Mc Kinley, 1997; Pasquier, 1999; Julier-Costes et al., 2014; Hubier, 2014), la question de la transmission (ses formes, ses enjeux, ses objets) envisagée conjointement dans les fictions littéraires, télévisées et cinématographiques demeure inexplorée. Nous souhaitons l’examiner à partir de deux perspectives qui pourront être pensées de manière distincte ou complémentaire :



— Qu’est-ce qui circule et s’échange entre les personnages (valeurs, normes comportementales, histoire familiale, mémoire d’une communauté, etc.)? Quel est le statut des personnages engagés dans ces relations (parents, autres adultes, pairs)? Quel type de relations de transmission sont représentées : verticales et descendantes (parents/adolescent.e.s), verticales et ascendantes (adolescent.e.s/parents) ou encore horizontales (entre adolescent.e.s) ? À titre d’exemples, des romans comme Ophélie (Gingras, 2008) et La plus belle fille du monde (Desarthe, 2009), de même que le film Breakfast Club (1985) ou les séries télévisées Skins UK (2005-2013) et The 100 (2014 — ) illustrent bien des formes de sociabilité qui s’organisent dans un monde sans adultes ou en marge de celui des adultes, ces derniers étant déficients, absents ou peu dignes de confiance. Les contributeurs-trices seront invité.e.s à s’interroger sur le regard que les créateurs-trices (auteur.es, scénaristes, illustrateurs-trices) portent non seulement sur les adolescent.e.s mais aussi sur les adultes d’aujourd’hui.



— Qu’ils évoluent dans un cadre réaliste, fantastique ou historique, les personnages adolescents incarnent des modèles d’action et de pensée, comme l’attestent les nombreuses analyses consacrées à des séries littéraires et cinématographiques telles que Harry Potter (Virole, 2001; Smadja et Bruno, 2007) ou Hunger Games (Casta, 2015; Schutz, 2015). Outre les sujets qu’elles abordent (découverte de la sexualité, quête identitaire, expériences transgressives, etc.), les fictions destinées aux adolescent.e.s tiennent également compte des caractéristiques de leur lectorat et de leur auditoire. En effet, « l’immersion fictionnelle » (Schaeffer, 1999) et la relation psychoaffective qui se noue avec les personnages (Pasquier, 1999; Talpin, 2003; Chalvon-Demersay, 2001) sont des ressorts privilégiés de la lecture et du visionnement de séries ou de films à l’adolescence. Ainsi, même s’ils sont créés par des adultes, les personnages adolescents peuvent devenir des modèles ou des contre-modèles pour les lecteurs-trices, et pour l’auditoire. Quelles sont, à cet égard, les stratégies narratives mises en oeuvre pour assurer l’« appropriation »
(Ricoeur, 1981) par les adolescent.e.s des personnages et des normes qu’ils incarnent?



Sans être exhaustive, voici une liste des aspects qui pourraient être abordés :

- Représentation des relations adultes/adolescent.e.s

- Représentation des transmissions intergénérationnelles

- Valeurs et enjeux d’un monde sans adultes

- Mémoires et transmissions

- Représentation des lieux d’enseignement et de formation

- Socialisations adolescentes genrées

- Modèles adultes et modèles adolescents : conformité ou rupture?

- Normativité et diversité des modèles identificatoires proposés aux adolescent.e.s

- La relation avec les (anti— )héros des fictions pour adolescent.e.s



Les propositions de contribution d’un maximum de 300 mots, de même qu’une courte notice biobibliographique doivent être envoyées au comité organisateur au plus tard le 5 décembre 2016 aux deux adresses suivantes : brehm.sylvain@uqam.ca et lafleur.maude.2@courrier.uqam.ca.

Le colloque aura lieu les 23 et 24 mars 2017 à l'UQAM.

Date de réception des propositions : 5 décembre 2016

Date de renvoi des avis des évaluateurs : 9 janvier 2017

Comité organisateur :
Sylvain Brehm (UQAM) et Maude Lafleur (UQAM)
Comité scientifique :
 Sylvain Brehm (UQAM)
; Maude Lafleur (UQAM)
; Marie-Christine Beaudry (UQAM); 
Jean-Philippe Beaulieu (UdeM)
; Antonio Dominguez Leiva (UQAM)

Participation / Organisation

Organisateur membre
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