Il semblerait a priori que les notions de caricature et de viol appartiennent à des sphères bien distinctes. Pourtant, il existe de nombreuses caricatures représentant des scènes de viol ou faisant allusion à des actes de violence à caractère sexuel. Ces sujets se retrouvent aussi bien chez les premiers caricaturistes professionnels du 18e siècle que chez les contemporains. Malgré son ampleur cependant, cette production a été passée sous silence par l’histoire de l’art. En recensant et en analysant ce corpus encore jamais étudié, ce projet vise à comprendre le rôle joué par ces images dans la propagation de ce qui a été caractérisé comme une culture du viol. Il rend compte de la façon dont les éléments propres à la caricature –notamment l’humour (et ici, la coprésence de l’humour et des scènes de viol), le langage plastique de la caricature (épaisseur des lignes, vivacité des couleurs, absence de modelé, exagération des traits physiques, reprises de motifs), la diffusion de masse de ces images, et la spécificité des relations entre texte et image –contribuent à la propagation de la culture du viol. En reconsidérant ces images qui nous entourent, mais auxquelles nous réfléchissons peu, cette recherche contribue tant à l’étude de l’histoire de la caricature qu’à celle du viol et de la violence à caractère sexuel.