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This should be housing / Le temps de la maison est passé

Projet de recherche

Habiter le contemporain
Période d'activité: 
2009 - 2012
Chercheur principal membre: 

« This should be housing / Le temps de la maison est passé » correspond à un cycle de recherches portant sur les modes d’inscription du motif éthique dans le processus créateur et dans les pratiques artistiques et culturelles contemporaines. « Habiter le contemporain », le programme proposé pour 2009-2012, vise à approfondir l’analyse de la maison comme figure de l’imaginaire contemporain. Catégorie anthropologique et philosophique, foyer d’investissement symbolique, mais aussi forme et matériau de l’art, la maison est atteinte par les inquiétudes et les tensions qui caractérisent actuellement nos relations au monde. Ces tensions désignent un moment charnière dans l’histoire de la maison comme figure et une remise en question de la maison comme paradigme de notre manière occidentale d’habiter. Cette négativité de la maison désignerait-elle l’émergence d’une disposition éthique contemporaine? Comment habiter le contemporain?

La maison est l’expression immédiate de valeurs en transformation, de représentations du monde et de modes de vie changeants, ainsi que de la diversité de l’habitat humain. Mes récentes recherches ont permis de confirmer que la maison est aussi une figure par laquelle la littérature, les arts et la culture traduisent leur appartenance commune, et souvent problématique, au contemporain. La maison rend manifeste un foyer de tensions représentatives des relations du sujet (du groupe ou de la communauté) à un présent inquiet.

Habiter le contemporain exige en effet de négocier entre plusieurs mondes et entre plusieurs temps. L’émergence de nouvelles expressions identitaires et les transformations qui touchent les appartenances culturelles ou territoriales contemporaines montrent l’insuffisance de ces catégories qui font référence au sang ou à la terre devant l’indécidable présent des êtres frontaliers (Malouf) ou des communautés vivant simultanément plusieurs régimes d’historicité (Hartog). Les manifestations contemporaines de la maison dans l’art et la culture témoignent de ces modalités changeantes de la relation entre le je et l’autre, entre le familier et l’étranger, entre soi et le monde. Sur quels fondements (ou sur quelles exclusions) construire aujourd’hui la cohésion de « l’humaine » humanité?

L’objectif du programme est de développer cette analyse de la maison comme figure révélatrice de la place incertaine de l’humain dans son contemporain. La stratégie de recherche traduit la nécessité d’interroger l’imaginaire contemporain dans une perspective éthique qui prend en considération une dimension originaire de la culture : son économie sacrificielle (la loi de la maison), de même que la relation fondamentale entre culture et habitat humains. Il s’agira ainsi de comprendre l’influence de l’idéalisation de la maison et de l’impératif nostalgique du retour (à la maison, au giron, au paradis perdu) sur notre relation à la culture et son actualisation contemporaine. De quelle manière la maison comme figure du savoir et, tout particulièrement, comme figure éthique, se transforme-t-elle de façon à traduire l’émergence d’une disposition éthique contemporaine? Comment les pratiques artistiques et culturelles contemporaines soutiennent-elles ou résistent-elles à la maison posant ainsi le problème de l’habiter contemporain? Pourquoi, malgré la remise en question de la maison dont témoigne un premier corpus « moderne », la maison contemporaine, « déconstruite », en ruine, inhabitable, semble-t-elle néanmoins ultimement redéposée sur ses fondements?

Habiter signifie laisser des traces (Benjamin). Le concept d’« empreinte écologique » (Rees) vient le confirmer d’une manière radicale à l’échelle de l’habitat : le mot domicide désignerait-il désormais, plus globalement, un mode d’habitation qui entraîne la ruine de (l’habitat) humain? La maison contemporaine, lorsqu’elle se survit à elle-même, serait-elle un mémorial, le tombeau vide d’une maison détruite? Fondée sur les cendres du sacrifice, une fondation qui procède par la ruine, la maison laisserait la vie sans refuge. Comment habiter le vivant?

En s’intéressant à la manière dont la culture répond aujourd’hui à la question de la coexistence, ce programme vise à produire des connaissances nouvelles sur l’imaginaire contemporain et sur l'économie du travail créateur. Par sa stratégie de recherche transdisciplinaire et ses objectifs scientifiques, il contribue au renouvellement des connaissances sur les pratiques et les formes artistiques et culturelles, ainsi qu’à un travail sur l’habitat, sur les paysages culturels et sur l’environnement bâti. Préoccupée par les enjeux culturels et sociaux du présent, cette démarche établit des ponts entre recherche fondamentale, réflexion critique et responsabilité citoyenne en participant à des activités de formation hors du contexte universitaire, et au développement d’une approche collaborative et interculturelle de l’habiter avec diverses communautés culturelles.