Le projet «La condition policière» s’intéresse aux exercices d’autorité auxquels la littérature narrative, tout en s’en faisant l’espace critique, donne lieu. Il cherche à étendre à la création littéraire les réflexions socio-philosophiques sur les rapports entre savoir et pouvoir, au moins depuis l’avènement du postmodernisme et notamment les travaux d’H. Arendt, de M. Foucault et de J-F. Lyotard dans les années 1960-1980 jusqu’au réexamen récent, dans les études littéraires, du rôle politique et éthique de la littérature. Plus spécifiquement, ce projet veut prendre acte de la tension entre savoir, pouvoir et narration pour réfléchir sur une forme d’autorité singulière présente dans la littérature, l’autorité de la police, et voir ce qu’il en est lorsque cette autorité se transforme en pouvoir de domination. Cette Police est moins un personnage qu’une condition issue d’un imaginaire moral. Il y a une Police qui règne dans les textes, qui implante une hiérarchie du savoir, exerce un pouvoir, dicte ses lois; mais sous forme d’attitude critique. Et c’est cette manifestation critique, cet «effet Police», que le projet s’engage, en théorie comme en pratique, à concevoir.