Mercredi 9h30-12h30
Première séance le 13 septembre 2017
Département d'études littéraires et doctorat en sémiologie - UQAM
Pour plus d'informations, contacter: aln-nt2@uqam.ca
Problématique générale
On assiste, depuis la deuxième moitié du vingtième siècle, à une accumulation étonnante de tentatives d’épuisement, qui témoigne de la très grande force symbolique de cette démarche. Il y a là une véritable poétique, une façon d’aborder le monde et ses objets en tentant d’en épuiser le sens, la forme ou le matériau même. Ces tentatives portent sur des lieux ou encore un temps, une journée ou une année, mais elles se cristallisent aussi autour de principes, d’événements, de corps, d’objets et de données.
Ces tentatives d’épuisement ne sont pas nécessairement liées à des dispositifs numériques, mais elles prennent place aisément dans une culture de l’écran, puisque le numérique en surdétermine le principe, en en multipliant de façon presque exponentielle les possibilités. Il est vrai que le numérique laisse l’impression que nous pouvons avoir une aisance quasiexhaustive du monde et de ses manifestations, du quotidien et de ses événements, de la vie de tous les jours et des lieux où elle se déroule. Que nous pouvons archiver des éléments de ce quotidien, pas seulement des traces ou des restes, mais des artéfacts, des images, des écrits, des mémentos de toutes sortes. En ce sens, le numérique donne au quotidien une présence ; il nous le révèle de manière inédite. Il nous donne un accès au monde, et au monde tel que nous pouvons l’expérimenter tous les jours.
C’est dans un contexte marqué par le numérique et sa gestion tentaculaire des données, que prennent place de nombreuses tentatives d’épuisement. Un épuisement complet est impossible à atteindre, il va sans dire, l’exhaustivité est une pure illusion, mais cette illusion nous permet de croire, ne serait-ce que sur un mode imaginaire, que nous pouvons maitriser le monde, du moins qu’il ne nous échappe pas entièrement. Elle assouvit notre soif de réalité.
Enjeux du groupe de recherche 2017-2018
Dans le cadre de cette deuxième année du groupe de recherche « Archiver le présent », nous nous interrogerons plus précisément sur les enjeux méthodologiques soulevés par l’hypothèse d’un changement de paradigme dans les poétiques contemporaines. On s’arrêtera notamment sur les architectures de connaissances comme principe organisateur des oeuvres et de leur documentation, sur les modes d’identification et de description des oeuvres, sur l’identification des pratiques emblématiques, sur la constitution de bibliographies thématiques et critiques, ainsi que sur des analyses. La constitution d’un premier corpus artistique et théorique permettra de mener des analyses croisées à partir de perspectives historiques, herméneutiques, réflexives, sociocritiques et sémiotiques. Au nombre des questions soulevées, on note la massification inédite des contenus, les effets de spectacularisation qui en découlent, l’hypothèse d’une archive sans fond(s), la « gazéification » des contenus (cloud), la surveillance des mouvements numériques, etc. Notre démarche inclut également des activités de mise en valeur et de diffusion qui mettront à profit une réflexion sur la constitution des patrimoines numériques et interrogeront les manières de penser l’exposition dans ses dimensions virtuelles et matérielles.
Le groupe de recherche est pluridisciplinaire et international. « Archiver le présent » implique à la fois la Chaire de recherche sur les arts et les littératures numériques de l’UQAM et le Labex ArtsH2H de l’Université Paris 8. La partie française du projet est sous la responsabilité d’Alexandra Saemmer.