Automne 2018
Département d'études littéraires - UQAM
L’idios grec désigne le citoyen ordinaire (celui qui n’est pas un homme public, un magistrat). Il est le sujet particulier, singulier. L’idiotus latin, quant à lui, est un homme sans instruction, ignorant. Derrière lui se profile la figure du sot…
L’idiot est en fait une figure plurielle et elle doit être saisie dans l’ensemble de ses actualisations historiques et culturelles. Chaque culture, nous expliquent Mauron et de Ribaupierre, «investit l’idiotie à sa manière comme ce qui lui est étranger. Si bien qu’une culture ne se révèle jamais mieux que dans la conception et l’image qu’elle se fait de l’idiot.» (2004, p.13)
L’idiot, c’est l’autre; c’est peut-être surtout l’étrangement, le drôlement… proche. Si la culture se révèle dans ses représentations littéraires et artistiques, il y a un intérêt à reprendre ces questions en les ramenant à l’échelle précise des œuvres et à étudier l’idiot comme personnage, dans ses rôles et ses fonctions, dans ses implications sur les lecteurs/lectrices et les spectateurs/spectatrices, ainsi que sur les auteurs/autrices et les artistes. On peut aussi étudier les liens de l’idiot avec le pouvoir et les formes de l’agentivité.
L’idiot doit être considéré en fait comme le premier exemple d’une typologie qui compte certaines figures d’hommes, de femmes ou d’enfants sauvages, de criminels, de prophètes, d’illuminés et de poètes. Ces figures constituent des personnages liminaires dont la fonction première est de servir de témoin, placé simplement au degré ultime de l’échelle du ratage initiatique qui les met dans une relation de proximité avec l’au-delà ou l’en deçà de la culture (la mort, la folie, la sauvagerie, etc.) et qui les fait devenir des médiateurs ou des passeurs.
C’est à l’étude de cette catégorie de personnages que le séminaire sera consacré.