Hiver 2018
Doctorat en sémiologie - UQAM
Des structuralistes français, pensons à Roland Barthes et Claude Lévi-Strauss, ont clairement établi que la nourriture et l’alimentation sont des objets et des pratiques hautement sémiotiques. Certes, la nourriture est matérielle, la sustentation est nécessaire à la survie du corps ; mais la nourriture est également imbriquée dans des processus de signification et d’interprétation symboliques. Ainsi, la nourriture est inséparable de la culture. Plus essentiellement, la nourriture sert de condition structurante des sociétés et permet une discrimination des catégories sociales. Les recherches sur l’alimentation des premiers sémiologues ont contribué à développer non seulement nos connaissances sur l’objet ou la pratique alimentaire, elles ont également participé à la naissance même de la sémiologie et à l’application du cadre structuraliste-linguistique à l’ensemble de la culture humaine.
Nonobstant la pertinence de ces recherches fondatrices, il appert que dans les 50 dernières années l’alimentation a changé – autant que l’étude des processus signifiants. Par exemple, les questions liées à la santé, à la justice sociale et écologique, marquent le domaine alimentaire de manière plus franche qu’à l’époque où écrivaient Barthes et Lévi-Strauss. Par ailleurs, la sémiotique actuelle n’est plus confinée au cadre du structuralisme linguistique, mais elle s’étend dans les corps et dans les cultures. Penser cette évolution, mesurer le chemin parcouru, constater les forces et enjeux de la sémiotique alimentaire actuelle, orienter son avenir. Voilà les enjeux principaux qui nous motiveront au fil de ce séminaire.