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H-2020 - Dramaturgies du traumatisme

Individu·s lié·s: 
Horaire du séminaire: 

Hiver 2020

Département d'études littéraires - UQAM

Depuis la seconde moitié du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui, la question du traumatisme s’est posée, de façon lancinante, comme objet de réflexion, de discours et de création. Traversées par une «conscience du monstrueux» (Naugrette, 2004), diverses écritures dramatiques ont tracé, dans le sillage des pièces de Samuel Beckett ou de Charlotte Delbo, les contours d’un «théâtre tout entier informé par Auschwitz». Comme l’écrit Élisabeth Angel-Perez (2006), avec le génocide, «la mort est traitée comme un produit industriel. L’humanité se découvre une inhumanité insoupçonnée. La philosophie achoppe sur cet impensable, cet inconsolable de la pensée (...). L’art entre en aporie» (p. 12). Les dramaturgies contemporaines, bien qu’elles n’investissent pas nécessairement l’imaginaire génocidaire, s’attachant souvent à mettre aussi au jour les blessures de l’intime, s’écrivent depuis cet «inconsolable», dans les cendres d’un théâtre –d’un monde– de  «l’après-effondrement du sens» (Angel-Perez, 2015).

Dans le cadre de ce séminaire, les tentatives de ces dramaturgies pour écrire le traumatisme, ou pour penser les possibilités de sa représentation, seront interrogées. La perspective théorique privilégiée sera l’esthétique –en particulier la poétique du drame moderne et contemporain (Poulain, 2011; Ryngaert, 2005, Angel-Perez, 2006). Des perspectives historiques, psychanalytiques et féministes seront aussi convoquées à l’occasion, permettant, lorsque ce croisement est éclairant, une saisie composite des oeuvres étudiées. À travers la lecture de différentes pièces actuelles (Mayorga, Kane, Liddell...), dépliant une trajectoire du politique à l’intime, ou s’érigeant à leur carrefour, nous aborderons les formes et fonctions du discours traumatique et de ses poétiques énonciatives (répétition, ressassement, éclatement, spectralisation du corps, etc.). À travers celles-ci, nous examinerons les possibles d’une «esthétique de la résistance» (Page, 2012). Enfin, une attention particulière sera accordée aux dramaturgies contemporaines des femmes et à la spécificité des imaginaires corporels, traumatiques et résilients, que ces écritures déploient.

Statut du séminaire: 
Terminé