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Une virile imposture? Construction du jeune homme dans la littérature

Author : Guignard Sophie
Date : Aug 28, 2018
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Colloque

Force, courage, sens de l’honneur, goût de la conquête, de la gloire, sens du sacrifice, patriotisme, valeur de la belle mort (au combat et héroïquement), contrôle de soi, puissance sexuelle, etc. Il en faut beaucoup pour être un homme, un «vrai». Ou plutôt, il en faut beaucoup pour être un homme viril.
Bâtie à coup de stéréotypes, la virilité semble bien une construction sociale toujours historiquement située et utilisée pour théoriser la supériorité du masculin sur le féminin. Mais pour la philosophe Olivia Gazalé, les femmes ne sont pas les seules victimes de ce mythe de la virilité. Les oppresseurs seraient eux aussi oppressés par leur propre outil de domination [Gazalé, 2017]. Les hommes, constamment contraints de faire la preuve de leur masculinité, tentent de répondre tant bien que mal aux injonctions qu’imposent les stéréotypes de la virilité. Réduits à un nombre limité de caractères et de valeurs supposés les consacrer en tant qu’hommes, ils sont amputés d’une grande partie de leur vie psychique, sociale et familiale. Les masculinités gagneraient ainsi à s’emparer, comme les féministes l’ont fait et continuent de le faire, du profond travail de déconstruction des lieux communs et stéréotypes aliénants.
Pour Françoise Héritier, «l’âge d’homme, c’est le trou noir et le référent ultime» [Héritier, 1996: 303]. Notre société peine à voir et à penser les normes de la masculinité, ce qui en fait un terrain fertile pour la reproduction des rapports de genre et de pouvoir. Néanmoins, ces dernières années sont marquées par l’émergence de réflexions sur les hommes. La recherche universitaire s’empare enfin de la question et remet en cause le supposé état de crise de la virilité.  
L’anthropologue Mélanie Gourarier émet l’hypothèse que l’état de crise serait constitutif de la virilité et ne serait, non pas la marque de son affaiblissement, mais l’outil de son affermissement: «la rhétorique de la crise de la masculinité […] [devrait être] ainsi appréhendée comme une ressource discursive potentiellement mobilisable, d’ailleurs historiquement mobilisée, afin de reproduire un ordre social qui, passant pour menacé, se transforme, s’ajuste et se normalise» [Gourarier, 2017: 11]. Alors, comment devenir homme quand les repères et les modèles donnés sont constamment perçus comme étant en danger?
Le mythe de la virilité et son état de crise permanent nous apparaissent ainsi, plus que jamais, une question qu'il convient de poser à la littérature puisque celle-ci se révèle être un terrain propice à leur déconstruction. Les romans font partie des rares lieux où il est possible de révéler cette imposture en mettant fin à l’idée d’une prétendue transparence et essentialité de la virilité. Ils appuient sur les zones d’ombre qui entourent ce mythe en mettant en scène, non pas une virilité triomphante, mais une virilité du désarroi.

À partir d'angles critiques divers (ethnocritique, sociocritique, psychanalytique, historique, philosophique, etc.), ce colloque entend interroger la place de la littérature dans ce travail de déconstruction. Comment se façonne l’identité individuelle et sociale du jeune homme face aux injonctions à la virilité dans les textes? Comment les œuvres littéraires éprouvent le modèle pour exposer l'imposture qu’est la virilité? La littérature peut-elle être un lieu de reconfiguration de la masculinité face aux changements sociétaux?

Consultez le programme en pièce jointe.

Dans le cadre du colloque, une projection du film «Les garçons sauvages» aura lieu le 17 octobre à 19h au Théâtre Sainte-Catherine.

Le colloque sera diffusé en simultané sur le site de l'Observatoire de l'imaginaire contemporain (OIC).

Participation / Organisation

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