Le Laboratoire international d'étude multidisciplinaire comparée des représentations du Nord, situé à l'Université du Québec à Montréal, est un centre de recherche, de documentation et d'expertise sur l'imaginaire du Nord et de l'hiver en littérature, cinéma, culture populaire et arts visuels. Il vise notamment à favoriser les comparaisons entre les différentes cultures nordiques, soit les cultures québécoise, inuite, scandinaves (islandaise, norvégienne, danoise, suédoise), canadienne-anglaise et finlandaise.
Depuis sa fondation en 2003, le Laboratoire international d'étude multidisciplinaire comparée des représentations du Nord réunit une quinzaine de chercheurs répartis dans une dizaine d'universités (Québec, Suède, Finlande, Danemark, France, Israël, Canada, Allemagne, Angleterre, Islande, Espagne) qui, à partir de l'infrastructure développée à l'Université du Québec à Montréal, étudient l'imaginaire du Nord en valorisant les comparaisons entre la culture (littérature, cinéma, arts visuels) québécoise et les autres cultures nordiques (inuite, scandinaves et finlandaise), ainsi qu'en analysant les oeuvres de tous pays qui traitent de la représentation du Nord, tant de la culture restreinte que de la culture populaire. Le Laboratoire a été fondé et est dirigé par Daniel Chartier.
Le Laboratoire international d'étude multidisciplinaire comparée des représentations du Nord permet de concrétiser un réseau de recherche ouvert, défi ni dans sa pluridisciplinarité et s'inspirant d'un plan de travail décentralisé, mais collectif, et appuyé de technologies de haut niveau. Les objectifs scientifiques du Laboratoire sont de trois ordres :
• d'abord, étudier la littérature et la culture québécoises dans une perspective nordique en examinant l'utilisation esthétique et problématique qui est faite au Québec de cette composante du Nord, tout en gardant à l'esprit un objectif plus général et dialectique, celui de valider les paramètres d'une définition de la culture nordique;
• ensuite, analyser de manière comparée les différentes formes littéraires et culturelles des territoires nordiques, issues tant des cultures québécoise, inuite, suédoise, norvégienne, danoise, groenlandaise, canadienne-anglaise et finlandaise;
• enfin, concevoir les modes de fonctionnement et de réception des représentations du Nord dans leur dimension tant diachronique que synchronique : comment le Nord, à partir du mythe de Thulé jusqu'aux représentations populaires en arts visuels et au cinéma d'aujourd'hui, constitue un système discursif et esthétique qui pose une tension constante entre la représentation du réel et la construction d'un monde imaginaire.
En collaboration avec les Presses de l’Université du Québec, le Laboratoire publie trois collections d’ouvrages : « Droit au pôle », « Jardin de givre » et « Imago borealis ».
Au 1er mars 2011, les bases de données du Laboratoire comprennent plus de 50 000 documents (œuvres, études, films, images, citations, etc.), décrites et analysées selon 300 critères, représentant plus de 15 000 000 de données interrogeables selon différents paramètres.
Le Laboratoire tient également un centre de documentation, le plus important dans le monde universitaire, sur l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique.
Laboratoire est situé au 4e étage (J-4660) du Pavillon Judith-Jasmin de l'Université du Québec à Montréal, à la station de métro Berri-UQAM.
Problématique
Dans l’histoire occidentale, le Nord constitue un espace mythologique travaillé par des siècles de figures imaginaires, à partir des récits grecs en passant par les textes bibliques, les sagas nordiques et les récits des grands explorateurs. Au XXe siècle, il représente un espace de conquête fuyant qui se défile toujours plus haut à mesure qu’on l’approche : ainsi conçues, les représentations du Nord n’apparaissent plus comme la simple description d’un espace géographique, mais au contraire comme un fascinant discours pluriculturel alimenté de manière singulière par différentes strates issues des cultures anciennes (la Grèce antique, les Vikings), repris par les cultures européennes (surtout en France et en Allemagne), revu par les cultures du Nord (Scandinavie, Canada, Québec, Finlande) et aujourd’hui mis en jeu par les cultures autochtones. Déterminé comme un discours et non plus comme une description, le Nord se déploie dans son épaisseur historique et, lorsqu’il est analysé dans les œuvres romanesques, dans ses fonctions narratives. Tour à tour discours utopique de reconquête du territoire, de dénonciation des fonctions de représentation, de prise de parole politique ou d’adjonction de merveilleux dans les œuvres, le Nord s’inscrit dans les textes narratifs comme une variable qui change de signification selon les périodes de l’histoire, tout en s’appuyant sur un discours universel forgé par des siècles de représentations sans contact réel avec le lieu évoqué.
Ces analyses mettent en jeu non seulement la volonté de comprendre la construction du Nord comme un espace mythique et un système discursif inventés et travaillés par les cultures du Sud, mais aussi la nécessité d’articuler à ce discours celui des cultures autochtones et inuit, lesquelles commencent à peine à prendre la parole et à déterminer leur espace culturel (premier film de fiction inuit : Atanarjuat, 2001; premier roman inuit du Nunavik : Sanaaq, 2002). Le choc des cultures initié par la prise de parole de peuples jusqu’ici définis uniquement comme des personnages de l’imaginaire s’inscrit doublement dans l’étude des représentations du Nord : d’abord comme l’apparition d’un nouvel espace discursif qui force à réexaminer l’ensemble des propositions de représentations antérieures; ensuite comme un discours qui enrichit la pluralité des points de vue sur cet imaginaire. Cette dynamique ne doit pas passer sous silence les représentations nordiques issues de territoires non-autochtones (celles du Québec, du Canada, de la Scandinavie et de la Finlande, par exemple), ni celles reprises par la culture populaire (les ruées vers l’or en Alaska, le naufrage du Titanic, le père Noël, les films d’aventures de l’Arctique, etc.). De plus, le mélange d’aspects populaires et d’apports de la culture restreinte ajoute à cette problématique sans empêcher la cristallisation de grands thèmes et figures transcendants (l’idée de défi physique et spirituel, la pureté blanche et froide, l’inaccessibilité, etc.) qui parcourent différentes énonciations, et qui fondent les prémisses sur lesquelles se basent autant les discours scientifiques, fictionnels que documentaires sur le Nord. Ainsi, le Nord est d’abord et avant tout compris comme un discours culturel appliqué par convention à un territoire donné dont l’épaisseur mythique et discursive dépasse largement les descriptions géographiques, et dont les frontières varient selon les époques. Pour le Québec, l’inscription dans cette réflexion rend possible l’ouverture d’axes de comparaisons jusqu’ici inexploités (notamment avec les cultures scandinaves, finlandaise et les représentations autochtones) qui permettent non seulement de mieux saisir les particularités de figures et de courants fondateurs (le coureur des bois, le régionalisme, le thème de l’hiver, les rapports avec les Autochtones), mais aussi d’ajouter à sa définition nord-américaine de langue française celle de culture nordique contemporaine, à la fois dans sa dimension populaire (films, légendes, etc.) et restreinte (poésie, art visuel, etc.).
Le Laboratoire international d’étude comparée des représentations du Nord permet de concrétiser un réseau de recherche ouvert, défini dans sa pluridisciplinarité et s’inspirant d’un plan de travail décentralisé, mais collectif, et appuyé de technologies de haut niveau. Les objectifs scientifiques du Laboratoire sont de trois ordres : (a) d’abord, étudier la littérature et la culture québécoises dans une perspective nordique en examinant l’utilisation esthétique et problématique qui est faite au Québec de cette composante du Nord, tout en gardant à l’esprit un objectif plus général et dialectique, celui de valider les paramètres d’une définition de la culture nordique; (b) ensuite, analyser de manière comparée les différentes formes littéraires et culturelles des territoires nordiques, issues tant des cultures québécoise, inuite, suédoise, norvégienne, danoise, groenlandaise, canadienne-anglaise et finlandaise; (c) enfin, concevoir les modes de fonctionnement et de réception des représentations du Nord dans leur dimension tant diachronique que synchronique : comment le Nord, à partir du mythe de Thulé jusqu’aux représentations populaires en arts visuels et au cinéma d’aujourd’hui, constitue un système discursif et esthétique qui pose une tension constante entre la représentation du réel et la construction d’un monde imaginaire.
Enseignement et recherche
Dans le cadre des travaux du Laboratoire, les étudiants peuvent s’inscrire à un groupe de recherche crédité au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal à la maîtrise et au doctorat. Selon les sessions, les travaux, à la fois individuels et collectifs, portent sur la détermination du corpus, l’analyse d’œuvres littéraires (du Québec, de la Scandinavie et de la Finlande) et cinématographiques (du Québec et du cinéma mondial) et peuvent prendre la forme, comme c’était le cas en décembre 2003, d’un colloque étudiant. Une dizaine d’étudiants de l’UQAM et d’autres universités travaillent à titre d’assistants de recherche rémunérés au Laboratoire. Les étudiants des cycles supérieurs sont par ailleurs invités à participer aux activités scientifiques du Laboratoire. En juin 2004, le Laboratoire a organisé par exemple un colloque international intitulé « Le(s) Nord(s) imaginaire(s) » au Centre culturel suédois de Paris et a coordonné la publication de deux ouvrages collectifs, ainsi que d’un numéro de revue. Toutes les activités s’inscrivent dans un cadre international où les étudiants contribuent à titre de chercheurs. Un séminaire de premier cycle a été offert à l’hiver 2005 sous le titre « La nordicité littéraire : Québec et Scandinavie ». Le Laboratoire a accueilli également des conférenciers et à l’hiver 2005, une chercheure finlandaise, Katri Suhonen, a entrepris un stage de recherche postdoctoral comparé sur les littératures finnoise et québécoise.
Au cours des prochaines années, les axes de recherche privilégiés concernent la définition du Nord comme discours; la représentation de la femme dans les œuvres nordiques; les rapports entre la littérature, le cinéma et les arts visuels dans leur représentation de l’Arctique et du Nord; la réécriture inuite et amérindienne de l’histoire culturelle; les aspects comparés des littératures québécoise, scandinaves et finlandaise; les rapports d’identité et de langues dans les cultures du Nord, ainsi que le pluriculturalisme dans les cultures isolées du Nord.
Aujourd’hui, le Laboratoire se compose d’une bibliothèque qui compte environ 4 000 œuvres littéraires, essais, films et articles sur le monde nordique, l’imaginaire du Nord et les problématiques liées à leur étude.
Le Laboratoire dispose aussi d’un ensemble de banques de données continuellement mises à jour et alimentées par ses chercheurs. Au 1er juin 2004, ces banques comptaient environ 12 000 fiches commentées, réparties ainsi :
- Une bibliographie commentée de plus de 2 000 œuvres littéraires à composante nordique du Québec, de la Finlande et de la Scandinavie;
- Une bibliographie commentée de plus de 1 800 études sur l’imaginaire du Nord ou des problématiques culturelles nordiques;
- Une filmographie commentée de plus de 400 films à composante nordique;
- Une banque de près de 6 000 citations tirées d’œuvres littéraires, classées selon des champs thématiques et descriptifs;
- Une banque d’illustrations à caractère nordique.
Le caractère interrelationnel des banques permet de les interroger selon plusieurs critères et mots-clés; ces critères permettent de lier des milliers de représentations du Nord issues de la littérature, des arts visuels, de la culture populaire et du cinéma.
Pour réaliser ses travaux, le Laboratoire dispose d’un espace équipé de 10 ordinateurs, de 2 serveurs, ainsi que d’équipements de photographie, de vidéo, de numérisation et de projection.
Les chercheurs sont bienvenus au Laboratoire. L’accès aux banques est basé sur le principe de la contribution collective et bilatérale.
Fonctionnement
Les chercheurs associés au Laboratoire sont appelés à y collaborer en alimentant la bibliothèque et les banques de données du fruit de leurs travaux qui sont en lien avec la visée du Laboratoire. Un groupe de recherche ouvert aux étudiants de 2e et de 3e cycles permet également de faire avancer les travaux de recherche et d’analyse du Laboratoire.
Le Laboratoire est financé par Recherche-Québec, la Fondation canadienne de l’Innovation, le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture, le Ministère des affaires étrangères et du commerce international et l’Université du Québec à Montréal.