D’où viennent les classiques de la littérature mondiale? Pourquoi est-ce qu'un auteur particulier voit son nom rayonner bien au-delà des frontières de son pays? C’est à ces questions que tentera de répondre ce projet par une étude approfondie du cas Tolstoï en France et au Japon.
Quelles sont les particularités de transfert de ses oeuvres qui ont fait en sorte que ses textes, dont le roman Résurrection (1899), deviennent des classiques quasi instantanés? L’hypothèse de départ est la suivante : c’est l’adaptation indirecte – il s’agit ici de l’adaptation théâtrale qui se base sur des traductions littérales inconnues – qui rejoint d’abord le grand public et permet de populariser rapidement le nom et l’œuvre de Tolstoï à l’étranger. Dans le cas de Résurrection, il faut parler de plusieurs degrés d’adaptation indirecte. C’est qu’il existe trois projets d’adaptation théâtrale simultanés de cette oeuvre au début du XXe siècle en France, et il est important de savoir pourquoi il y en a autant. Pourquoi est-ce l’adaptation d’Henry Bataille (1902), et non celle de Camille Audigier ou de Ilya Halpérine-Kaminskiï, qui sera remarquée par Shimamura Hogetsu pour être traduite et adaptée à la scène japonaise en 1920? Pourquoi enfin cette pièce de théâtre remporte-t-elle un succès foudroyant dans un pays qui vient à peine de découvrir la dramaturgie et la scénographie occidentales? L’approche historique et donc l’étude diachronique des faits, ainsi que l’analyse herméneutique s’inspirant des huit paramètres de transferts (le par-qui, le qui, le quoi, le pour-qui, le quand, le pourquoi, le où et le comment) permettront de mener à bien cette étude.