Colloque international organisé dans le cadre des activités de Figura, le Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire, de l'Équipe de recherche sur l'imaginaire contemporain (ERIC LINT) et du laboratoire Formes et Représentations en Linguistique et Littérature (FoReLL) de l'Université de Poitiers.
Le jeudi 21 mai 2009, de 9h30 à 16h30, et le vendredi 22 mai 2009, de 9h30 à 17h, à la salle M-465 de la Grande Bibliothèque (475, boul. de Maisonneuve Est, Métro Berri-UQAM, entrée par la rue Berri).
Présentation
Le constat d’une invasion de la violence comme spectacle dans la culture occidentale est récurrent depuis plusieurs décennies. On commente à l’envi le mélange de fascination et de répulsion que suscitent les figures de tueurs en série, de terroristes, de criminels de guerre et de bourreaux nazis. Omniprésentes dans les médias, ces figures d’acteurs de la violence se développent à une vitesse accélérée dans le cinéma et la littérature, occasionnant de nouveaux canons, parfois de nouvelles formes. Elles introduisent une série d’interrogations sur la pathologie croissante d’une civilisation en crise, et des commentaires qui se situent, le plus souvent, entre la déploration et la fascination.
Quels rapports cet imaginaire entretient-il avec les réalités sociales et politiques de ce début de siècle? Dans quelle mesure l’analyse peut-elle hériter des instruments élaborés au siècle précédent — celui des totalitarismes, des guerres coloniales et de la guerre froide —, dans le domaine de la philosophie politique, de l’anthropologie, de la critique des textes et des formes? Quel rapport faut-il établir entre la violence réelle qui secoue nos sociétés — en Occident et hors Occident — et la surenchère narcissique des représentations de la violence, voire l’hypertrophie de ce qu’on a longtemps appelé « une violence symbolique »? Cet imaginaire est-il entré dans une nouvelle phase? A-t-il une fonction d’exutoire ou de catharsis? Y amorce-t-on, au-delà de sa mise en spectacle et de son exaltation, une réflexion qui viendrait en transformer les valeurs? Cette prolifération des signes de violence apparaît bien souvent comme un symptôme fonctionnel d’anomie ou d’inertie (sociale, culturelle, politique). On voit s’y exprimer, comme on l’entend dire parfois, un besoin né d’un rapport à la violence devenu avant tout culturel, précisément, dans des sociétés plus protégées que d’autres, tandis qu’une toute autre violence frappe ailleurs, ou ici-même, en sourdine. Quel statut et quel impact ont alors les œuvres nées dans cette conjoncture?
Le point de départ du colloque se veut un état des lieux des « états de violence » dans le monde contemporain, à soumettre à l’interprétation dans le champ croisé de plusieurs disciplines. Cet effort interprétatif veut conduire à une réflexion diachronique, mais l’éventail des instruments critiques utilisés doit aussi permettre de travailler des objets précis et de les étudier à partir d’une poétique des formes artistiques, d’une anthropologie de la culture, de la théorie critique et, bien entendu, des théories de l’imaginaire.
Contexte institutionnel
Ce colloque est le troisième d’une série d’activités portant sur le thème de la violence et de ses manifestations contemporaines. « États de violence I et II » sont organisés dans le cadre de la collaboration entre le FoReLL (Formes et Représentations en Linguistique et Littérature) de l’Université de Poitiers et l’Équipe de recherche sur l’imaginaire contemporain (ERIC LINT) de Figura et de l’UQAM. Le première rencontre a eu lieu à Poitiers en octobre 2008; la seconde se tiendra à Montréal en mai 2009. Enchâssé entre ces deux activités, un colloque virtuel, « Figures de violence », est en ligne du 1er février au 30 avril 2009, à www.figuresdeviolence.org. Pour toute information sur ce colloque en ligne, communiquer avec Richard Bégin.
Programmation
- Le jeudi 21 mai
Président de séance : Samuel Archibald
9h30 Denis Mellier (Université de Poitiers), « Le temps long de la violence. Remarques sur la mise en forme de la violence dans quelques mondes fictionnels contemporains »
10h00 Raphaëlle Guidée (Université de Poitiers), « Les violences invisibles : littérature contemporaine et photographie (Sebald, Vollmann) »
10h30 Sylvano Santini (UQAM), « Mémoire de la violence. La "pudique concision" du cas Lortie de Pierre Lefebvre. »
11h00 Pause
11h15 Gabriel Gaudette (UQAM), « Au sortir du conte de fées : l’utilisation problématique de la violence comme désacralisation du super-héros »
11h45 Bernard Perron et Guillaume Roux-Girard (Université de Montréal), « Synchronisme et action : la violence sonore du jeu vidéo d'horreur »
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Président de séance : Jean-François Hamel
14h00 Lucie Campos (Université de Poitiers/Université de Toulouse II – Le Mirail), « Régimes de visibilité de la violence historique : Violence du visible et de l’invisible chez I. Kertesz et W.G. Sebald »
14h30 Catherine Coquio (Université de Poitiers), « Moi, le bourreau »
15h00 Pause
15h15 Nicolas Xanthos (Université du Québec à Chicoutimi), « Propriété intrinsèque ou variable contextuelle? Généalogie de la violence dans Crash de Paul Haggis »
15h45 Jean-Philippe Gravel (UQAM), « L’ordre de la voiture. A propos de Crash de J. G. Ballard »
- Le vendredi 22 mai
Président de séance : Jean-François Chassay
9h30 Jean-Paul Engélibert (Université de Poitiers), « Le roman de la catastrophe annoncée.Violence, dépolitisation et désir de fin romanesques de la guerre froide à l'après-11 septembre »
10h00 Vicky Pelletier (UQAM), « Violences de l’image chez Don DeLillo ou les chroniques de "l’âge de la terreur" »
10h30 Catherine Mavrikakis (Université de Montréal), « La fureur du ciel : représentations d’une violence archaïque dans le monde contemporain »
11h00 Pause
11h15 Annie Dulong (UQAM), « La réitération comme figure de la violence ou comment, parfois, la violence n’est pas celle que l’on croit »
11h45 Danièle Bourque, « Éblouissement 1. Faire écran »
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Président de séance : Bertrand Gervais
14h00 Jean-François Hamel (UQAM), « Terreurs de Mallarmé. Violence, mémoire et politique dans la critique littéraire de l'après-guerre »
14h30 Véronique Campan (Université de Poitiers), « Subversions artistiques d’un état de violence contemporain : le régime de surveillance »
15h00 Pierre Popovic (Université de Montréal), « Le prince et l’éclopé : du bon usage des mutilés »
15h30 Pause
16h00 Table ronde
Modérateur : Bertrand Gervais
Mellier, Coquio, Chassay, Gervais, Bégin
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