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"Femmes sauvages. Disséquer Audrée Wilhelmy" - 2e séance du séminaire Narrations contemporaines UQAC

Author : Guignard Sophie
Date : Jan 07, 2020
Category :
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Activité du Centre
Conférence
Cours et séminaire

Afin de poursuivre le cycle de conférences Figura 2019-2020 de l'antenne UQAC sur le thème de l'écart, nous aurons le plaisir de recevoir Marie-Hélène Larochelle, professeure au Collège universitaire Glendon de l'Université York, pour une conférence intitulée «Femmes sauvages. Disséquer Audrée Wilhelmy».

 
Résumé:
On dit qu’Audrée Wilhelmy écrit des contes. Ces héritages sont précieux, offrent certaines clés de lecture de ses textes, mais parler de réécriture, et même de détournements rend peu justice à la singularité de ses écrits au final très romanesques. 
Hors du temps et des lieux du politique, le conte se nourrit de toutes les mythologies sans restrictions aucune. Entre les mains d’Audrée Wilhelmy, il devient un matériau à modeler pour obtenir une forme singulière de roman. L’écriture y est première, mais elle tient en équilibre sur des fantasmes. De l’oralité on ne conserve que l’exigence de la perfection. L’énoncé remue. 
La forme du conte lui offre une liberté tant spatiale que temporelle. Les univers sont les siens; l’époque, une sorte de XIXe siècle anachronique. Les contraintes sont ainsi réduites à celles qu’elle se crée. Les attentes de la représentation ne sont ni québécoises ni françaises; les cités sont imaginaires, affranchies de normes sociales et culturelles. La fluidité de l’écriture va de pair avec un accueil inconditionnel de la nature. Il n’y a pas ici de sélection; la vague est aussi écume; le bois, fongus; l’animal, carcasse; le suave, puanteur. Chaque élément a sa place, joue un rôle dans cet organisme. L’animalité des personnages est ainsi une forme d’harmonie, un respect de l’instinct qui leur permet souvent de se fondre dans leur habitat. La nature est un accomplissement non pas une régression. En accepter la force, la dureté, l’ambition, est le propre des élus. Les personnages d’Audrée Wilhelmy sont tous des exceptions. 
Des conditions de la lecture, c’est la sauvagerie et la vivacité qu’on retient. Les contes traditionnels, on le sait, ont été édulcorés pour nos enfants jugés fragiles. Audrée Wilhelmy, en ce sens, revient à la source: la violence, la brutalité, la cruauté humaine sans fards et sans explications, les pulsions destructives également, motivent ses récits. 
Le plaisir lié à la douleur est le fantasme de ces femmes fortes, puissantes. Elles embrassent leurs inclinaisons même les plus funestes, et on sent que la démarche convient à l’auteure qui ne fait pas non plus de concessions, au nom d’un politiquement correct qui voudrait par exemple que triomphe une idéologie féministe univoque. Que faire de ces femmes soumises qui se laissent battre, violer, tuer? Ces femmes qui ne fuient pas? Ces femmes qui se taisent? C’est cette violence brute du féminin que cette communication souhaite comprendre. Le moment où le langage du corps est rendu à l’esthétique.

Participation / Organisation

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Voir aussi

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