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«Geeks everywhere!» Histoires, enjeux et représentations des passionné.es pop

Date : Jul 26, 2023
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Journée d'étude
Le terme geek aujourd’hui est largement répandu dans les médias. À l’heure où les séries télévisées, les comic books, les films ou les jeux-vidéos sont produits et déployés à très grande échelle et avec une grande célérité, tout le monde pourrait revendiquer un statut plus ou moins «geek».
 
Pourtant, comme le fait remarquer David Peyron cet engouement collectif contemporain est paradoxal si l’on considère l’histoire et les variations sociologiques associées à ce terme. On peut dans un premier temps définir le geek comme passionné par un domaine souvent inscrit dans la «culture de masse» ou «culture populaire» en marge et de l’imaginaire: cinéma, jeux de rôles, comics... mais le terme peut désigner à l’inverse la pratique spécifique d’une communauté (informatique, jeux vidéo...). Il faut aussi considérer historiquement que le geek dans sa conception contemporaine trouve ses ancêtres dans le bas-allemand médiéval geck, qui désignait un fou espiègle, un idiot de village. Essaimant en Europe et aux États-Unis, le geck a aussi des liens de parenté avec le Freak, ce monstre qui mange tout sans distinction au sein des cirques de monstres. De cet appétit sans bornes sensationnel demeure aujourd’hui une capacité du passionné à «dévorer ce qu’il aime et aller au plus loin de ce qu’il aime». Au Japon, on trouve aussi l’otaku que Joseph Tobin préfère à son homologue américain pour son appétit de l’information qu’il glane et engrange sur les réseaux. Passer du monstre solitaire dévoreur, de l’exclu social (fut-il volontaire) qui se distinguait sur les campus américains des 80’s de son «opposé» sportif et séducteur; à ces nouvelles représentations de passionné.es porte-étendards de la pop culture ne va pas de soi. C’est pourquoi cette journée d’étude entend questionner aussi bien les termes au cœur de l’histoire et de la société que les représentations au travers de la pop culture, tous supports confondus.
 
Qui sont ces Freaks and Geeks? Comment leur représentation a pu évoluer au fil des années dans les fictions? Existe-t-il un genre et un âge propre au geek? Comment est représentée la femme geek aussi appelée geekette? Y a-t-il fallu attendre Erica Sinclair et Suzie Bingham (Stranger Things, 2016-)? Cesse-t-on d’être freak ou geek une fois adulte? Ces derniers sont souvent représentés comme de grands enfants (Seinfeld, 1989-1998) ou comme des êtres perpétuellement en décalage avec le monde social (The Big Bang Theory, 2007-2019, le personnage de Dwight Schrute dans The Office, 2005-2013, ou encore celui de «Fat Neil» dans Community, 2009-2014). Comment le geek fait-il le lien entre deux cultures qu’on a pu considérer comme opposées: la science et la littérature? Au sein même des œuvres, on pourra aussi se demander comment le geek a pu passer d’un personnage secondaire voire d’arrière- plan dans le cas des teen movies ou des teen TV series; à un héros indispensable à la réussite des missions du groupe tel Jerry Steiner dans la série Parker Lewis ne perd jamais (Clyde Phillips & Lon Diamond, 1990-1993); voire au personnage principal de son aventure (Code Lisa, Robert K. Weiss, 1994-1998; Ready Player One, Steven Spielberg, 2018...).
 
La culture geek est également très attentive aux objets. Un jeu de rôle tel que Dungeons & Dragons est particulièrement représenté dans une série comme Stranger Things. Tandis que de nombreux artefacts de la «medieval fantasy», des jeux vidéo, des comics et de la S-F seront plus visibles dans The Big Bang Theory (2007-2019), That’s 70s Show (1998-2006) ou encore The Lost Boys (1987). On pourrait même avancer que les personnages du roman d’Ernest Cline Ready Player One (2011) – et de son adaptation cinéma par Steven Spielberg, (2018) sont littéralement à la recherche d’un Graal de la pop culture. Les pratiques et les sujets évoluent, continuant d’être des enjeux de recherches universitaires: ceux d’Anne Besson ou encore Justine Breton pour le médiévalisme et la fantasy; ou d’Alex Nikolavitch et Xavier Fournier spécialistes de la S-F et des super-héros. Que signifie être geek aujourd’hui alors que l’intérêt pour ces thèmes a rarement été aussi fort, au point que la pop culture et la culture geek se rejoignent dans les consciences?
 
L'enregistrement est disponible sur le site de l'Observatoire de l'imaginaire contemporain.

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