Cette journée conclura les deux ans du séminaire "Imaginaire comme éthique". Entre 2022 et 2024, lors de 13 séances aux thématiques diverses, 40 chercheur.es se sont réunis pour réfléchir chacun.e à leur manière à une hypothèse : "L’étude de l’imaginaire, dès lors qu'elle implique de réfléchir sur les rapports qui existent entre les êtres humains et le monde, se déploie essentiellement comme une éthique."
Cette journée conclusive ouverte au public (en personne et sur zoom), qui réunira plusieurs chercheur.es de disciplines diverses, prendra la forme de quatre tables rondes successives sur des sujets variés :
- “L’Imaginaire comme éthique : retour sur une idée”
- “Le conspirationnisme et la mauvaise traduction, ou l’imaginaire contre l’éthique”
- "Intelligences artificielles : de personnages fictionnels à (co)créatrices de fiction"
- “Quand la recherche-création met à contribution de multiples savoirs et disciplines”
La journée se terminera par un cocktail ouvert à tous au Pub L'île noire (1649 R. Saint-Denis).
Programme provisoire
- 9h15-10h45 - “L’Imaginaire comme éthique : retour sur une idée”. Animation : Bertrand Gervais. Avec Marina de Seta, Mélissa Major et David Bélanger.
- 11h-12h30 - “Le conspirationnisme et la mauvaise traduction, ou l’imaginaire contre l’éthique”. Animation : David Bélanger. Avec Louis-Paul Willis, Megan Bédard, Anthony Morin-Hébert et Chantal Gagnon.
- 13h30-15h - “Intelligences artificielles : de personnages fictionnels à (co)créatrices de fiction”. Animation : Elaine Després. Avec Eleonora Acerra, Antonio Dominguez Leiva, Simon Dansereau-Laberge et Bertrand Gervais.
- 15h15-16h45 - “Quand la recherche-création met à contribution de multiples savoirs et disciplines”. Animation : Cassie Bérard. Avec Patrick Gauvin, Gabriel Tremblay-Gaudette et Camille Bernier.
- 17h - Cocktail au Pub L'île noire (1649 R. Saint-Denis)
Lien zoom : https://uqam.zoom.us/my/centrefigura
L'imaginaire comme éthique
L’étude de l’imaginaire, dès lors qu'elle implique de réfléchir sur les rapports qui existent entre les êtres humains et le monde, se déploie essentiellement comme une éthique. Si elle conduit à une analyse approfondie des faits, elle engage aussi la chercheuse et le chercheur à prendre acte des résultats obtenus, pour elle et lui, tout autant que pour le monde ou la pratique considérés. C’est ce que nous entendons par « l’imaginaire comme éthique » : c’est-à-dire l’imaginaire et son exploration critique comme manière de vivre et de penser, comme programme de recherche, à caractère essentiellement interdisciplinaire, portant sur nos modes de compréhension, de représentation et d’interprétation du monde. L’époque nous convie non pas à un savoir désincarné et retranché, insouciant des crises qui secouent notre quotidien, mais à un savoir engagé qui entend déconstruire ces crises, en travaillant sur ce qui les déclenche et les constitue, sur ce qu’elles présupposent et ce qui pourrait ultimement les contenir.
Il y a une dimension éthique intrinsèque à une recherche sur l’imaginaire, sur tout imaginaire; car il ne s’agit pas seulement d’étudier des formes et des présupposés, des manières d’habiter le monde, de le penser et de le représenter, mais aussi de reconnaître que, comme chercheuses et chercheurs, nous participons à ce monde et devons assumer que notre investigation puisse le transformer. Sans un passage par l’imaginaire, sans un examen des croyances et des habitudes qu’il engage, on ne peut pas débusquer et déconstruire les idées reçues qui les surdéterminent, on ne peut pas mettre en examen notre expérience contemporaine marquée par des instabilités multiples (pandémie, réchauffement climatique, guerre), et corriger le tir s’il le faut.
L’imaginaire comme éthique s’ouvre aux multiples dimensions du travail de l’imaginaire dans notre rapport au monde : aux dimensions culturelles (imaginaire collectif, culture), processuelles (imaginaire comme interface et dispositif), sémiotiques (représentations et significations), créatrices (création littéraire et artistique) et critiques (épistémologique, politique, contestataire, etc.). Ces dimensions sont explorées à partir soit de figures qui permettent d’offrir un condensé de préconceptions et de modes d’action (boys club et filles en séries, figures de l’idiot, de l’ours polaire, de l’arbre, etc.), soit de constellations notionnelles (humanités environnementales, littératie numérique) ou de traits synthétisant des habitudes (soif de réalité, archiver le présent, etc.) dont l’étude peut avoir une efficacité symbolique tout autant que politique.
Afin de réfléchir à cette problématique, nous tiendrons un séminaire tout au long de l’année universitaire, en mode hybride. Sept rencontres sont prévues. D’une durée de deux heures, les séances prendront la forme de tables rondes thématiques où trois chercheuses et chercheurs seront invité.e.s, dans un premier temps, à présenter leurs recherches et travaux pendant une vingtaine minutes; ces présentations seront suivies d’une période de questions et de discussions.