Colloque international organisé par l’Université Paris 8 & l’Université de Montréal, en collaboration avec l’INALCO, le CERLOM et le Centre de recherche interuniversitaire en sociocritique des textes (CRIST).
Dans un article paru dans Littérature en 1971, « Pour une socio-critique ou variations sur un incipit », Claude Duchet définit ce qu’il appelle alors « la socio-critique » comme une « sémiologie critique de l’idéologie, un déchiffrage du non-dit » qui installe « le logos du social, au centre de l’activité critique et non à l’extérieur de celle-ci » (Claude Duchet, « Pour une sociocritique ou variations sur un incipit », Littérature, no 1, 1971, p. 10.). En 2021, ce texte fondateur de la sociocritique aura cinquante ans. À l’occasion de cet anniversaire, ce colloque international se propose de relire l’œuvre de Claude Duchet. Loin de prendre les formes traditionnelles de l’hommage ou du bilan, cet événement scientifique sera d’abord l’occasion d’un dialogue critique qui permettra d’évaluer l’apport de la sociocritique des textes à ce que l’on a coutume d’appeler la théorie littéraire.historiens (Mazurel, Gacon, Rousso, Stora, Ferro, Rey), ainsi que sur des travaux plus spécifiques à la littérature (Blondiaux, Weinrich, Guidée, Wolf) et au cinéma (Didi-Hubermann), ce colloque international considérera l’oubli comme le complément de la mémoire, et non son contraire. Elle cherchera à identifier au contraire les mots, les motifs, les figures et les savoirs relatifs à une vocation amnésiologique différente du devoir ou du travail de mémoire souvent attribué aux œuvres d’art et à la littérature. Afin de distinguer clairement cet art de l’oubli de la vocation mémorielle – sinon patrimoniale – généralement accordée au roman, cette étude propose le terme de littérature léthéenne. Il qualifie, par référence au fleuve légendaire de l’Antiquité, les formes-sens d’une œuvre qui compose un espace de reconfiguration de la mémoire collective d’après ses oublis, dont le relevé fonde une écriture ou une représentation critiques et inventives. Revenir sur des épisodes méconnus ou gênants d’une histoire qui est de notoriété publique ; faire entendre les aspects négligés d’une œuvre antérieure ; donner à lire les potentialités inaccomplies d’une séquence historique écrite avec des si, consacrer des figures anonymes, contester les récits établis, ce sont là quelques-unes des démarches qui caractérisent la mise en texte et en images de l’oubli dont ce colloque international veut dresser un aperçu historique.
Programme
Vendredi 22 octobre 2021
Matin (9h-12h30)
9h : Accueil des participants
Présidence de séance : Patrick Maurus (Inalco)
9h15–9h45 :
Conférence inaugurale : Pierre Popovic (Université de Montréal), « La sociocritique : du désir de ne pas la voir à la joie de la pratiquer »
9h45–10h15 :
Florence de Chalonge (Université Lille 3), « L’année 1971 »
10h15–10h45 :
Isabelle Tournier (Université Paris 8), « ‘Ce que je sais le mieux, c’est mon commencement’ »
10h45-11h : Discussion
11h-11h15 : Pause
Présidence de séance : Pierre Laforgue (Université de Bordeaux)
11h15–11h45 :
Bernabé Wesley (Université de Montréal), « Claude Duchet et la sociocritique de l’école de Montréal (2010-2020) »
11h45–12h15 :
Patrick Maurus (Inalco), « Traduire : le deuil de l’original »
12h15-12h30 : Discussion
Après-midi (14h30-17h35)
Présidence : Isabelle Tournier (Université Paris 8)
14h30–15h :
Alain Vaillant (Université Paris 10), « La sociocritique à l’épreuve de l’histoire littéraire »
15h–15h30 :
Pierre Laforgue (Université Bordeaux-Montaigne), « Cromwell, Gustave Lanson et Claude Duchet »
15h30-15h40 : Discussion
15h40-15h50 : Pause
Présidence : Françoise GAULLARD (Université Paris 7)
15h50–16h20 :
Xavier Bourdenet (Université Rennes 2), « Sur l’historicité »
16h20–16h50 :
Nathalie Bittinger (Université de Strabourg), « Temps, mémoire(s) et historicité au cinéma »
16h50–17h20 :
Denis St Amand (Université de Namur), « Sociocritique et littératures sauvages »
17h20-17h35 : Questions
Samedi 23 octobre 2021
Matin (9h30-12h30)
Présidence : Anne Herschberg Pierrot (Université Paris 8)
9h45–10h15 :
Mélanie Lamarre (CRIST), « La colonie distractionnaire » : Philippe Muray et les métamorphoses du loisir »
10h15–10h45 :
Maxime Berges (Sorbonne Université), « ‘Il faut savoir payer le bonheur d’écrire ce que l’on pense’. Réflexions sociocritiques sur quelques bannis de l’histoire littéraire »
10h45-11h : Discussion
11h -11h15 : Pause
Présidence : Bernabé Wesley (Université de Montréal)
11h15–11h45 :
Craig Moyes (King’s College London), « Éloge du passeur sociocritique : l’exemple de Terre des hommes »
11h45–12h15 :
Jacques Neefs (Johns-Hopkins University / Université Paris 8), « Claude Duchet ou la lecture amplifiée »
12h15-12h30 : Discussion
Après-midi (14h-18 h)
Présidence : Xavier Bourdenet (Université Rennes 2)
14h–14h30 : Anne Herschberg Pierrot (Université Paris 8), « Sociocritique et sociogénétique »