La recherche récente décrit de multiples formes et usages de l’écriture numérique, et différentes façons de l’aborder en classe de français (Grégoire, 2021; Lacelle et Lebrun [dir.], 2016; Petitjean et Brunel [dir.], 2018) : écriture avec le traitement de texte ; écriture avec des outils d’écriture collaborative, y compris socionumériques; écriture multimodale, littéraire et documentaire ; écriture liée étroitement au code de programmation. La démultiplication des possibilités technologiques a rendu l’écriture numérique polymorphe, et la donne à voir comme moyen de faciliter l’entrée dans l’écrit, comme objet d’enseignement à part entière et comme corolaire logique de la littérature numérique, censée la « révéler » (Bouchardon, 2014).
Néanmoins, dans les programmes d’études officiels, du moins ceux du Québec, l’écriture numérique n’a pas de racines profondes : on y retrouve au plus quelques rares prescriptions sur l’utilisation de correcticiels et sur certaines fonctions du traitement de texte. Corolairement, les pratiques scolaires demeurent vraisemblablement timides (Chartrand et Lord, 2010), bien qu’elles puissent avoir pris de l’expansion, tant en fréquence qu’en variété, sous l’impulsion du Plan d’action numérique et des mesures qui en ont découlé. En outre, des consultations récentes sur la mise à jour des programmes de français, langue d’enseignement, permettent de deviner un accroissement significatif de la place accordée au numérique en enseignement du français, notamment concernant l’écriture. Quels changements connaitra donc la classe de français, dans ce contexte, tant sur sa façon de développer la compétence scripturale que de l’évaluer? Comment muteront les champs disciplinaires qui sous-tendent l’enseignement du français, notamment la didactique du français? Et ailleurs dans la francophonie, qu’en est-il? Comment les référentiels et les cadres des différents pays francophones laissent-ils préfigurer une potentielle disciplinarisation des écritures numériques?
Au vu de la démultiplication des formes d’écritures numériques et des changements à venir, mais considérant l’hégémonie persistante de l’écriture manuscrite (Chartrand et Lord, 2010 ; Mongenot et Cordier, 2023), il parait nécessaire d’interroger les pratiques d’enseignement-apprentissage des écritures numériques. Quelles formes, quels types d’écritures numériques produit-on à l’école ? Ces pratiques scolaires restent-elles expérimentales ou se stabilisent-elles ? Si oui, par quels corpus, dispositifs ou approches ? Et quels en sont les effets sur la discipline français?
Dans le cadre du colloque 514 - Écritures numériques dans les classes : des pratiques émergentes aux pratiques instituées ?, les communications apportant un éclairage à l’une ou l’autre de ces questions seront accueillies. Elles permettront de réunir des jeunes chercheur·e·s et des chercheur·euse·s établi·e·s s’intéressant à l’écriture numérique sous une pluralité d’angles, mais dans la perspective de la didactique du français. Les propositions de communication s’inscriront dans l’un de deux axes suivants.
Axe 1 – Enseignement-apprentissage des écritures numériques : entre expérimentation et disciplinarisation.
Dans cet axe, on s’intéresse aux pratiques d’enseignement et d’apprentissage de toutes les formes d’écritures numériques, veillant à montrer ce qu’elles changent chez l’élève, chez l’enseignant·e ou dans la dynamique de la classe de français. Les questions suivantes, sans couvrir exhaustivement cet axe, en sont représentatives.
Quelles sont les écritures numériques enseignées? Quels sont les dispositifs, les pratiques, les stratégies d’enseignement qui émergent ou se stabilisent? Quelles compétences, quels savoirs sont mobilisés dans la discipline français? Quelle place est accordée à la dimension technique et technologique des écritures numériques en classe de français?
Axe 2 – Mutations disciplinaires associées aux écritures numériques
Les propositions liées à cet axe portent sur l’évolution des cadres disciplinaires, d’une part, et des cadres scolaires ou des politiques éducatives, d’autre part, du fait des possibilités et des pratiques propres aux écritures numériques en contexte scolaire. Les questions suivantes, sans couvrir exhaustivement cet axe, en sont représentatives.
Comment les écritures numériques changent-elles le statut et la définition de l’écriture à l’école? Amènent-elles une reconfiguration des compétences en écriture, voire de nouvelles pratiques évaluatives? Quels facteurs contribuent à l’institutionnalisation éventuelle des pratiques d’enseignement des écritures numériques? Comment les écritures numériques font-elles évoluer la didactique du français? Comment les refontes des cadres ministériels influencent-elles la didactique des écritures numériques?
Modalités de soumission
Les personnes intéressées devront fournir une proposition d’au plus 500 mots, incluant a) un titre ; b) l’identification des auteur·e·s ; c) le résumé de la contribution ; d) une bibliographie sélective. Les propositions devront permettre d’identifier l’axe dont relève la proposition ; la problématique ; le cadre théorique ; la démarche méthodologique ; et les analyses qui en découlent.
Critères d’évaluation :
• Adéquation avec le thème et un axe du colloque – 35 pts
• Qualité de la présentation de la démarche et des analyses – 50 pts
• Originalité de la proposition – 10 pts
• Présentation d’ensemble – 5 pts
La participation des étudiant·e·s des cycles supérieurs est fortement encouragée. Les propositions doivent être envoyées par courriel à Pascal Grégoire (pascal.gregoire@uqat.ca) ou à Eleonora Acerra (acerra.eleonora@uqam.ca) avant le 12 février 2024, 23 h 59.