Ce projet tire son origine d’expériences personnelles, chez les deux chercheures-créatrices, de douleurs physiques qui durent depuis plusieurs années et dont la présence a eu un effet réel sur leurs intérêts de recherche et créations mutuelles (poésie, essai et récit). Ce projet a pour objectif d’étudier et de pratiquer l’écriture de la douleur chronique par les femmes. Le champ littéraire, depuis le début du 20e siècle mais surtout depuis 1975 (et l’apparition du mot d’ordre «le personnel est politique»), a vu paraître nombre de récits autobiographiques de celles qu’on appelle des douloureuses chroniques (depuis Woolf jusqu’à Didion): des femmes souffrant de douleurs dites rebelles parce que résistantes aux traitements. Au croisement entre: 1) l’étude d’un corpus composé de récits traditionnels et de micro-témoignages publiés sur les réseaux socio-numériques suivant le dispositif du mot-clic (#moiaussi/#MeToo, par exemple), et 2) la pratique d’une écriture poétique et narrative, ainsi que d’une écriture essayistique concernant la douleur chronique chez les femmes en lien avec la génération de texte associés à des mots-clic (Twitter, Instagram et Facebook), ce projet veut explorer les modes actuels d’expression afin de demander s’il est possible de donner une voix à l’expérience solitaire et silencieuse qu’est la douleur chronique, en particulier quand on la vit en tant que femme.