Journée d’étude interdisciplinaire sur la dette, de sa représentation à sa signification
Organisée par David Bélanger (UQTR) et Pier-Pascale Boulanger (U. Concordia)
Elle serait une faute, suivant la très commentée remarque de Nietzsche dans la Généalogie de la morale. Elle serait la monnaie même, à en croire une certaine conceptualisation de la Théorie moderne de la Monnaie. Elle serait un mode de socialisation et une domination, elle serait même le conflit néolibéral au cœur de la lutte des classes contemporaines. Lisible à l’aune de l’anthropologie du don et de la financiarisation, elle induit une culture ou un imaginaire. Qui sait, elle pourrait même être un fait social total ?
La dette a été longuement commentée, déchiffrée, contestée et valorisée. Depuis la crise de 2008, on ne compte plus les travaux en anthropologie, en littérature, en philosophie, en théologie, en histoire qui firent de la dette le cœur et sujet de leur étude. Un problème se manifeste toutefois, comme devant toute question intersectorielle : comment en parler, comment trouver la grammaire qui ne réduira la dette à aucune de ses dimensions – morale, politique, financière, communautaire, culturelle ?
L’objectif premier de cette journée d’étude sera donc de nouer un dialogue interdisciplinaire sur la dette. C’est pourquoi la question à laquelle les participant.e.s sont invité.e.s à répondre s’avère si précise : « qu’est-ce que la dette ? », demande-t-on, et plus encore, qu’est-ce que la dette selon chacune des perspectives conviées et leurs objets d’études ?
La journée accueillera des chercheurs et chercheuses de diverses disciplines, allant de la traductologie à la philosophie politique, en passant par l’économie, la sociologie, l’anthropologie, l’histoire, les études littéraires et la psychanalyse.
Programme
9 h 00 – Accueil des participant
9 h 15 – Mot de bienvenue
9 h 30 - Séance 1 : Définir les termes
Présidence : Chantal Gagnon (U. de Montréal)
- Pier-Pascale Boulanger (U. Concordia), « Traduire la dette : une grammaire critique »
- Jean François Bissonnette (U. de Montréal), « Dette, don, poison - Sur l'économie morale de l’endettement étudiant aux États-Unis »
10 h 30 – Pause
11 h 00 - Séance 2 : Du don à la dette
Présidence : Michel Lacroix (UQAM)
- Jean-Philippe Warren (U. Concordia) et Denys Delâge (U. Laval), « La dette dans les sociétés du don et du contre-don et dans les régimes monarchiques. Confrontations et métissages dans le contexte de la Nouvelle-France. »
- Maude Pugliese (INRS), « Dû, indu et dette au sein des relations familiales »
12 h 00 – Dîner
14 h 00 - Séance 3 : De Krach en Krach
Présidence : René Lemieux (U. Concordia)
- Martin Petitclerc (UQAM), « La dette comme fait social total : les années 1930 »
- Marie Langevin (UQAM), « Obligées et créancières : figures d’économie politique féministe au temps de la financiarisation »
15 h 00 – Pause
15 h 30 - Séance 4 : Imaginaire et morale de la dette au Québec
Présidence : Sophie Marcotte (U. Concordia)
- Alexis Lussier (UQAM), « Dette symbolique et impasse obsessionnelle : la dette en psychanalyse »
- David Bélanger (UQTR), « Torts et transition : l’imaginaire de la dette au tournant de l’économie québécoise (1945-1955) »
16 h 30 : mot de clôture