Ce colloque international a eu lieu pendant le 75e congrès de l'ACFAS. « Images et figures du corps en photographie » est le quatrième volet d'une série de rencontres internationales intitulées « Photographie et corps politique », planifiées par M. François Soulanges (Université Paris 8 et Institut National d'Histoire de l'Art de Paris).
Argument:
La photographie joue un rôle de premier plan dans les constructions esthétiques, sociales et politiques de l'image et notamment à l'égard des montages imaginaires du corps humain. Car si nous avons l'habitude de dire que nous vivons à l'ère de l'image, nous vivons aussi à l'ère du montage. Conséquemment, nous apprenons aussi à nous méfier des images. Non pas que l'image soit nécessairement une fabrication de corps représentés, mais parce que nous ne savons plus quoi penser de l'image lorsqu'elle se manifeste pour être l'objet et l'enjeu d'un témoignage, d'une remise en cause de la représentation, si ce n'est d'un scandale ou d'un combat. La photographie participe en ce sens d'une stratégie de la manifestation politique de l'image. Or, il est à penser que le corps n'en sort pas indemne. Que reste-t-il du corps en photographie, le corps réel, sexuel et sexué, le corps mortel, souffrant et désirant, le corps biologique, mais aussi le corps passager, le corps en mouvement, le corps transitoire? Que reste-t-il sinon son image, son spectre, une version de corps, voire un agencement politique d'une image et d'une figuration qui le dépasse? La photographie est un moment et un moyen du devenir-image des corps, et c'est en faisant du corps une image que la photographie le constitue comme corps-politique. Comment un corps traversé par les signes collectifs d'une situation, d'un instant ou d'une époque, devient figure temporelle, figure de mémoire, figure historique, figure collective elle-même communicable et susceptible de se réinscrire dans un nouveau code de lecture. Si les images et figures du corps politique sont instamment saisies par la photographie, n'est-ce pas parce que le corps s'y prête à l'avance, qu'il est déjà politique si ce n'est déjà voué au régime de l'image?