Il s’agit de poursuivre les activités de recherche de l’équipe ALH (Arts et littératures hypermédiatiques) mise en place grâce à une première subvention de réseautage du CRSH obtenue pour l’année 2006 dans le cadre du programme « Les textes, les documents visuels, le son et la technologie », équipe s’intéressant aux premières manifestations d’un art et d’une littérature hypermédiatiques.
L’équipe ALH veut proposer des modalités de description et d’analyse d’un corpus d’œuvres artistiques et littéraires résolument contemporaines, car reposant sur les possibilités de l’hypermédia. Ces œuvres existent pour la plupart uniquement dans Internet. Elles exploitent de façon importante les ressources graphiques de l’informatique et cette nouvelle sphère de la représentation qu’est le cyberespace. De plus, elles proposent de nouvelles formes culturelles, qui posent des problèmes tant de conceptualisation que d’analyse. Elles requièrent en effet que les perspectives littéraires et artistiques se côtoient puisqu’elles brouillent systématiquement les frontières entre le texte et l’image, entre le linguistique et l’iconique. Ces nouvelles formes actualisent les potentialités de ce medium qu’est l’ordinateur. Et, ce faisant, elles posent un défi de taille aux modalités conventionnelles de lecture et d’analyse du donné artistique et littéraire. L’objectif de notre demande de subvention est de développer en concertation des modalités d’analyse adaptées à l’hypermédialité. Par concertation, il faut entendre une recherche menée de façon à la fois interuniversitaire et transdisciplinaire, puisqu’elle réunit des chercheurs de cinq universités et rattachés à des départements de lettres, d’histoire de l’art et d’étude des médias (media studies).
Le projet est au cœur du NT2, le Laboratoire de recherches sur les arts et littératures hypermédiatiques, financé par la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) et qui est implanté depuis le printemps 2005. Le NT2 a fait de la nouvelle réalité informatique, dans ses aspects culturels, littéraires et artistiques, son objet de recherche. Penser les développements de la culture, c’est comprendre les formes que peuvent prendre l’art et la littérature dans le cyberespace, formes permises par l’hypermédialité. L’ordinateur n’y est plus abordé uniquement comme un outil, mais comme un medium, un mode de représentation spécifique.
L’analyse des œuvres hypermédiatiques se réalisera en fonction de deux séries d’enjeux. La première concerne la constitution d’un corpus et les problématiques qui y sont reliées :
- La nature hybride (littéraire et artistique, fictionnelle et théorique, etc) des œuvres;
- Le manque d’institutionnalisation de cet art hypermédiatique et les conséquences de cet état de fait sur la qualité et l’intérêt des œuvres;
- Le seuil minimal de l’hypermédia;
- La catégorisation des œuvres en fonction de leur nature, de leurs formats, du type d’interactivité impliquée.
La deuxième série d’enjeux concerne l’analyse des œuvres :
- Quels thèmes, figures, imaginaires sont mis en scène?
- Comment l’hypermédia joue-t-il l’illusion de présence, illusion qui dépend de l’adéquation entre présence, immédiateté, singularité et interactivité?
- Comment développer une approche interdisciplinaire capable de rendre compte de la nature hybride des œuvres?
- Comment citer une œuvre hypermédiatique lorsqu’on en fait l’analyse?
Les résultats obtenus à partir de ces deux séries d’enjeux et de problématiques permettront de jeter les bases d’une approche interdisciplinaire des œuvres hypermédiatiques et de proposer des outils, des méthodologies, des voies de recherche pour l’analyse et l’interprétation de ces œuvres.